Vendredi 24 septembre 2010
Après un début de matinée tranquille, nous reprenons la route 40, toujours vers le sud ; celle-ci monte jusqu’à 800 m. et il y a encore de la neige sur les côtés. A 50 kms d’Esperanza, nous croisons un cycliste anglais ; nous discutons un moment : parti de Londres il y a 3 ans, il a parcouru l’Europe, puis l’Asie et l’Australie ; de là, il a pris l’avion à Sydney pour Buenos Aires où il est resté un mois et a visité la région en bus ; il vient d’Ushuaia et du Chili.
Déjeuner à Esperanza qui se réduit à une station et quelques maisons. A Rio Gallegos, quelques courses mais pas d’office du tourisme, ni camping ; il est 17h30, nous décidons de passer le week-end à Cabo Virgines, à 150 kms de bonne piste plus loin. Nous traversons une région de gisements de pétrole et de gaz et voyons beaucoup d’ouettes, de lièvres et de nandous ; arrivons 2 heures plus tard et bivouaquons à côté du phare, en haut de la falaise ; il fait froid, le vent est assez fort, je sors la 2° couette.
Samedi 25 septembre 2010
Cela fait un mois que nous sommes en Argentine et aux portes du Chili et de la Terre de Feu. Le Chili n’est d’ailleurs qu’à quelques centaines de mètres mais infranchissables. La nuit a été froide, 3° ce matin, mais nous avons eu bien chaud, le vent est très fort ; des lièvres batifolent autour du camping-car, ils ressemblent à ceux de chez nous, ici, ils s’appellent « lièvres européens ».
J'en connais un qui serait ravi ici, n'est-ce pas François ?
Nous visitons le phare (le gardien nous donne la clé) mais le petit musée est fermé. Puis, nous allons jusqu’au cimetière historique ainsi qu’à la simple clôture qui nous sépare du Chili. Nous visitons la « pinguïnera » : 110000 couples de manchots de Magellan nichent ici, à 1 ou 2 kms de la plage ; ils ont creusé des terriers peu profonds sous les buissons même si ceux-ci poussent au milieu du chemin aménagé pour les visiteurs ; on les entend plus qu’on ne les voit, c’est impressionnant !
Dans l’après-midi, nous allons jusqu’au phare chilien et nous nous promenons sur la plage, jusqu’à la pointe qui marque la frontière ; là, nous pouvons admirer le ballet d’une dizaine de toninas, tout près de la plage ; ces dauphins ont l’air de surfer sur les vagues.
Toninas
Sur la plage, une énorme méduse morte est échouée. Retour en arrière pour bivouaquer près de l’aire de pêche ; au large, nous apercevons quelques plateformes pétrolières. Dans la soirée, 4 argentins arrivent pour pêcher cette nuit.
Méduse géante
Dimanche 26 septembre 2010
Nos pêcheurs ont été rejoints par d’autres, arrivés par la plage en 4X4 qui s’est, bien sûr, ensablé ! Grosses manœuvres et cris ont été nécessaires pour dégager le véhicule qu’ils ont ensuite garé derrière le camping-car, les projecteurs du toit éclairant la plage et les pêcheurs, et le moteur allumé! Inutile de dire que la nuit a été agitée ! En plus, il a fait -1° cette nuit ! Ils ont pris chacun 2 ou 3 gros poissons style bar ou mulet, c’est peu pour eux ( ils appâtent avec un mélange de poulet et de polenta). Nous retournons voir les manchots ; ce matin, il n’y a pas de vent et ils sont tous sortis de leurs terriers ; en chemin, nous voyons un peludos (tatou).
Ensuite, nous retournons au phare chilien, le vent se lève, comme souvent l’après-midi ; nous revoyons des toninas. En fin d’après-midi, nous allons nous abriter du vent pour la nuit en bas de la falaise ; Dominique va pêcher, histoire de finir les crevettes qui seront refusées à la frontière (contrôle sanitaire) ; il prend tout de suite un poisson de 700g, comme ceux des argentins ; même vidé et la tête coupée, il bouge encore ! Nous le mangeons ce soir, il est farineux ; on ignore son nom.
Repas du soir
Lundi 27 septembre 2010
Ce matin, nous partons tôt, direction Rio Gallegos, on n’a pas le choix, et 64 kms plus loin, nous voici à Integracion Austral, la frontière argentine : migration, douane pour sortir le véhicule : 20 minutes. 2 kms plus loin, la frontière chilienne : police, douane pour entrer le camping-car, contrôle sanitaire assez succinct : 30 minutes, visite du véhicule incluse. Belle route en ciment (mais mêmes paysages, mêmes nandous, mêmes guanacos, mêmes moutons !) ; au bout de 56 kms, elle se termine à l’embarcadère du ferry qui est là ; on nous fait monter tout de suite et nous paierons à bord, le ferry part immédiatement et nous traversons le Détroit de Magellan en moins d’une demi-heure ! Il fait beau et la promenade est agréable. De l’autre côté, nous retrouvons la route :
ça y est, nous sommes en Terre de Feu !!! Quelques kilomètres plus loin, c’est à nouveau le ripio, une piste dure et très, très poussiéreuse ; la circulation est assez intense, c’est la seule route que doivent prendre voitures et camions pour se rendre à Ushuaia. A 500 m. de la frontière, à San Sebastian qui ne comprend que quelques bâtiments, nous nous arrêtons pour la nuit, à côté d’un hôtel-restaurant ; notre frigo est vide, aucun commerce à l’horizon, nous décidons de dîner au restaurant où nous dégustons des côtelettes d’agneaux, ça nous change du bœuf ! Nous réalisons qu’au Chili, nous avons une heure de décalage (en moins).
Mardi 28 septembre 2010
Ce matin, retour en Argentine ! Frontière chilienne : elle n’ouvre qu’à 8h (et ferme à 22H), la file d’attente des camions est déjà très longue (une trentaine), on nous fait passer devant ; durée des formalités : 3 minutes ! Police et douane.
4 kms plus loin, c’est l’Argentine mais les formalités se font 15 kms plus loin, à San Sebastian- Argentine. Frontière argentine : attente importante car beaucoup d’entrées et de sorties, et des bus aussi ; les bureaux sont ouverts de 9h à 23h ; durée : 45 minutes, migration, douane pour entrer le véhicule, contrôle sanitaire très superficiel. Nous retrouvons le goudron et arrivons à Rio Grande ; pendant que je fais les courses, Dominique discute avec 2 argentins intéressés par le camping-car et notre périple.
Nous reprenons la route vers Tolhuin ; depuis que nous sommes en Terre de Feu, les paysages changent : plus d’arbres (beaucoup semblent morts), plus de relief et surtout la Cordillère des Andes enneigée en toile de fond. Tolhuin se trouve au bout du Lac Fagnano magnifique avec les montagnes qui le surplombent; nous passons à l’Office du Tourisme ; nous ne trouvons pas de coins qui nous séduisent pour bivouaquer, nous continuons à avancer et arrivons en montagne ; les paysages sont splendides, il y a encore pas mal de neige sauf sur les routes.
A une dizaine de kilomètres d’Ushuaia, en contrebas de la route, nous trouvons un endroit sympa au bord de la rivière, la descente est raide.
Premier barrage de castors
Mercredi 29 septembre 2010
Au réveil, nous voyons quelques rapaces au bord de la rivière. Vers 9 heures, départ, ouf ! Nous réussissons à remonter ! Ca y est ! Nous sommes à l’entrée d’Ushuaia !
Grandes pancartes et tableaux rappellent le passé de cette ville mythique ; c’est quand même la plus australe du monde ! Ushuaia est une belle ville pas trop grande, au bord du Canal de Beagle ; de l’autre côté, c’est le Chili. Il fait très beau ! Nous avons droit à notre contrôle de police, très sympathique. A l’Office du Tourisme, l’accueil est excellent ; la demoiselle parle anglais mais nous donne toute la documentation en français (c’est la 1° fois). Nous allons étudier tout ça et nous faire un programme au camping « la pista del andino », au pied d’un téléski ; il est fermé (ouvre le 1° octobre) mais nous pouvons rester, gratuitement, avec l’électricité, l’eau et la Wifi; en plus, Fernando est très sympathique et nous accueille en français ; le camping surplombe le Canal de Beagle avec, en prime, les montagnes ; la steppe est loin !
Camping la pista del Andino
Jeudi 30 septembre 2010
De notre lit, nous pouvons admirer le Canal de Beagle avec, derrière, la Cordillère des Andes enneigée !
Il fait froid, le vent souffle assez fort mais nous allons quand même jusqu’au télésiège du Glacier Martial, ouvert malgré tout ; nous décidons d’attendre l’après-midi et en profitons pour aller au bout de la route 3 ; pour cela, il faut payer l’entrée du Parc ; nous rebroussons chemin et nous arrêtons à la gare du petit train à vapeur, pour visiter le petit musée qui explique le travail effectué par les bagnards pour la construction du chemin de fer.
Après le déjeuner, le temps s’améliore, le vent se calme et le soleil fait de belles apparitions ; nous retournons vers le Glacier Martial et prenons le télésiège (à part sa couleur, il nous fait penser à celui des Sangliers, des Saisies pour le paysage) ; nous voici au pied du glacier, dans la neige et le vent de face, nous commençons la montée que nous ferons aux deux tiers car, après, il faut des raquettes ;
la vue sur la baie, la ville et les montagnes récompensent largement nos efforts, le canal change de couleur selon le soleil. La descente dans la neige est un peu délicate, agréable en télésiège car nous avons le vent dans le dos. Retour au camping après quelques courses.
Vendredi 1er octobre 2010
Ce matin, nous partons visiter le Parc de la Terre de Feu. A l’entrée, nous nous faisons préciser que nous avons le droit d’y rester 48h., donc jusqu’à dimanche matin. Cela nous coûte 15 euros par personne (3 pour les argentins !).
Nous allons d’abord jusqu’au bout de la Route 3 qui part de Buenos Aires : 3079 kms. Du panneau part le sentier de la Balise qui marque le point le plus austral du Parc ;
il traverse aussi une importante colonie de castors invisibles mais les nombreux arbres coupés et les barrages indiquent leur présence ; les paysages sont sauvages et splendides, dommage que la pluie se manifeste entre deux périodes ensoleillées.
Après le déjeuner, le soleil est revenu et nous partons pour une balade de 2 heures à travers les tourbières (90% des tourbières argentines se trouvent en Terre de Feu),
le domaine des castors (toujours invisibles) et le mirador de Lapataia d’où nous avons une vue magnifique sur la baie et les sommets enneigés en arrière-plan.
Nous observons des pics noirs à têtes rouges, des ibis très colorés et, bien sûr, des ouettes, symbole du Parc ;
Ibis de Magellan
Ouettes
il y a aussi beaucoup d’autres oiseaux, plus ou moins colorés. Sur le chemin de la Laguna Negra, très noire comme son nom l’indique, et au milieu des tourbières, nous voyons nos premiers mammifères : des lapins européens, pas trop effrayés et ressemblant à nos lapins domestiques ;
Photo réservée á Frimousse
avec les castors, ils font partie des animaux importés par l’homme, il y a quelques décennies.
Nous bivouaquons à la Laguna Verde, le long du Rio Ovando.
Samedi 2 octobre 2010
Cette nuit, il est du tombé du grésil ; vers 4h du matin, nous nous sommes aperçus que nous n’avions plus de gaz, donc plus de frigo ; il fait -1° dehors, le frigo attendra le lever du jour pour refonctionner !
Vers 8h45, petite balade le long du lac, histoire de nous mettre en jambes ; puis, nous partons vers le Lago Roca pour le sentier Hito XXIV qui longe le lac à travers une forêt ; le terrain est assez accidenté : racines, arbres morts en travers du chemin, ruisseaux, rochers, c’est plus du trekking que de la balade : 9,4 kms, 3h10 aller-retour ! Le temps est maussade mais pas de pluie ; nous revoyons des pics à têtes rouges et d’autres tout noirs.
Pics de Terre de Feu
Après le déjeuner, nous changeons de secteur pour faire la promenade de la Cascade Rio Pipo ; l’accès est fermée aux véhicules car la piste est impraticable ; nous nous garons et partons à pied ; en effet, il y a encore de la neige et, plus loin, la route est effondrée. Nous revoyons les 2 motards neo-zélandais vus au lac Roca prennent la piste ; nous discutons : ils sont arrivés en avion en Alaska, ont acheté leurs motos au Canada et sont arrivés en Terre de Feu en 4 mois ; ils revendront leurs motos ici et rentrer en avion. La cascade n’est pas très impressionnante mais jolie ;
Pour Adizah
sur le chemin du retour, beaucoup de chevaux en liberté et encore des pics ! Nous avons encore marché 6,6 kms en 1h35 ; total de la journée : 16 kms !
Retour au bivouac de la veille puisque les autres sont encore fermés ; vers 19h30, plus de gaz ! Les 2 bouteilles sont vides, on est samedi soir ! On file à Ushuaia : à la station, nada ! A Carrefour, rien non plus mais un vendeur me donne une adresse où nous nous rendons mais c’est fermé, il est presque 21h ; déçus et perplexes, nous retournons au camping de la « pista del andino » ; là, Fernando nous dépanne avec une bouteille neuve, génial ! Merci beaucoup, Fernando (qui a appris le français à l’Alliance française d’Ushuaia).
2° tuile de la soirée : ma bouteille d’eau s’est renversée et vidée sur ma banquette et par terre, tout est trempé !
Dimanche 3 octobre 2010
Ouf ! La nuit a été calme et réparatrice après nos 16 kms et les évènements d’hier soir ! Petit déjeuner chaud et eau chaude grâce à Fernando.
Ce matin, nous mettons le blog à jour puisque nous avons la Wifi et parce que, demain, nous reprenons la route, direction le Chili ; nous commençons aussi notre remontée vers le nord.
Mouette à pattes roses et bec rouge, rien que pour Fernande !!!
Bouchons d'amour argentins, clin d'oeil pour Pascal