Ca y est, je suis dans l’avion, j’ai la tête dans les nuages,
je suis triste d’avoir quitté mes compagnons de route et heureux de revoir ma famille, la belle aventure est presque finie, j’ai quitté Esthel avec beaucoup d’émotion.
Le Puy-en-Velay
Le premier départ s’est fait le 09 septembre, en voiture jusqu’au Puy-en-Velay ; le matin, nous quittons pour la dernière fois maman, nous visitons dans la soirée la ville, je récupère mon créanciale, et les questions commencent à se poser dans ma tête, je cherche le pourquoi de cette envie de faire le chemin, je ne me rappelle pas ce qui me donna le déclic qui fait que je suis là aujourd’hui.
Il faut rajouter 100 kms pour Finisterre
Le 10, je démarre doucement, je regarde de ma chambre, place du Plot, tous les pèlerins partir, je démarre dans les derniers ; au début, ça monte bien et je sens mon inexpérience en matière de marche, le sac semble lourd, pourtant il ne dépasse pas les 9 kilos. Les deux premières sont des petites journées, mes pieds se font à l’idée de marcher les 1625 Kms qui me séparent de Finisterre, je gère la fatigue afin d’éviter les ampoules et les tendinites. Ce serait long et fastidieux de raconter le chemin journée par journée. Les jours suivants, les affinités se font ; on marche avec l’un, puis avec l’autre, on apprend à se connaître.
Louis, Agnès, Louis, ??, Marcel, Marie Diane.
Il y a très peu de pèlerins qui font le chemin d’une seule traite, beaucoup ne restent qu’une ou deux semaines, c’est le cas de Marcel et Agnès, on marche souvent ensemble ; Katie, l’Américaine, et Marie-Diane, la Québécoise, font le parcours d’une seule traite ainsi qu’un groupe de 8 Québécois, musiciens dans l’âme. Les paysages sont splendides et le temps reste au beau ; la nature, à cette
Coulemelle
saison, nous offre une multitude de fruits et de champignons qui améliorent l’ordinaire : les coulemelles, les cèpes et les girolles, les mûres et les noisettes ne sont pas rares ; plus loin, je trouverai des noix et des figues. En partant, j’ai décidé de me laisser pousser la barbe, je ne sais toujours pas si je vais la garder ou la couper à mon retour. A Conques, Marcel & Agnès rentrent chez eux, ils continueront plus tard. Je fais de nouvelles rencontres : Renaud, dit la locomotive tellement il ronfle, il a également un appétit d’ogre, il peut avaler 3 fois ce que je mange, j’aime bien le retrouver le soir, il est de bonne compagnie. Je ferai également la connaissance d’Hedwige, franco-allemande, partie des environs de Decazeville, puis Dominik et Marie-Claude, les Québécois, nous formerons un petit groupe d’inséparables ; le soir, on se fait de bons petits plats, genre choucroute, magret et bien d’autres bonnes choses qui mettent le moral au beau fixe. Pour Dominik et Marie-Claude, le chemin s’arrêtera pour cette année à Nogaro, c’est le premier déchirement ; avec Hedwige, on est triste mais le chemin continue pour nous, pas longtemps puisque, 2 jours plus tard, le 08/10 à Aire-sur-l’Adour, c’est moi qui arrête le chemin, maman vient de décéder, je m’y attendais un peu mais pensais qu’elle tiendrait jusqu'à mon retour, je la croyais immortelle, elle ne l’était pas ; je quitte le chemin pour 5 jours et le reprends le 14/10. Hedwige continue jusqu'à Roncevaux puis revient à Saint-Jean-Pied-de-Port, ce qui permettra de passer une dernière soirée ensemble. En attendant, je fais de nouvelles rencontres : Noëlle, l’Irlandaise, qui ira jusqu'à Compostelle, puis Lucienne & Sylviane, deux Suissesses sympas, qui arrêteront à Saint-Jean-Pied-de-Port, comme Nelly et Cornélius, des Hollandais tout aussi sympas ; il y aura Lucy, Andrew & Hector, famille anglaise,qui vont à Pamplona. A Saint-Jean-Pied-de-Port, Hedwige rentre pour retrouver son foyer, elle a du mal à quitter le chemin, elle le reprendra plus tard et ce sera pour elle une nouvelle aventure. Dans l’ascension des Pyrénées, je ferai la connaissance d’Esthel, Québécoise, la sensibilité personnifiée, on ne sait jamais si elle pleure de joie ou de peine, elle finit toujours par sourire et on aime ça.
Dessin d'Esthel JULIEN
Dominique, Catherine, Yannick, Esthel, Vince, Stephania
A Roncevaux, je verrai pour la première fois Vince, également Québécois et Amérindien, bourru, pas encore adulte mais plus vraiment enfant, il apprend les choses vite, parfois déconcertant, toujours le dernier à partir, il fait quand même de gros efforts de rapprochement, il regarde avec beaucoup de perplexité la truite qu’on lui sert au restaurant, il n’est d’ailleurs pas le seul, les Coréens aussi, je passerai d’assiette en assiette pour leur préparer. Les jours suivants, notre petit groupe se forme, avec Stéfania, Suissesse italienne, tellement volubile qu’elle en devient attachante, c’est elle que l’on entend la première le matin, quand je la regarde, je vois ma fille ; il y a Catherine, Québécoise, d’une infinie gentillesse et une énergie incroyable, quand elle marche devant nous, on ne voit qu’un sac avec deux jambes, mais difficile à suivre, il y a Yannick, franco- espagnol, un cœur gros comme ça !!!, avec des histoires drôles et sa bonne humeur, il est notre élément fédérateur, il cherche toujours à faire plaisir, et fait des massages réparateurs à ceux qui en ont besoin ; D’autres viendront se joindre par épisodes, comme Shane, le Néo-Zélandais, Jana l’Allemande, Mija le Slovène, Kong & Kim, le couple de Coréens et j’en oublie sûrement.
Pour ce qui est des paysages, la partie française du Puy jusqu'à Conques restera la plus belle et, côté espagnol, c’est la Galice qui m’aura fait vibrer. Je ne les décrirai pas, les photos parlent d’elles-mêmes.
Sur le chemin, ce que l’on ressent le plus, c’est de l’émotion, il y a des évènements qui paraissent anodins mais qui sont vécus comme un don ou un signe du ciel : quand un riverain du chemin vous amène des tomates ou des figues simplement pour vous faire plaisir, vous ressentez une certaine joie ; quand vous parlez à sœur Florence Marie, de Moissac, de vos angoisses vis-à-vis de l’état de santé de maman, et qu’elle vous écoute et vous rassure, c’est aussi un grand moment ; quand, après le décès de maman, je suis rentré dans la petite église de Louvigny et qu’une messe était en cours avec seulement 2 personnes, et que le curé, après m’avoir demandé si j’étais pèlerin, a demandé à ses deux fidèles de me chanter le chant du pèlerin, c’est encore un moment très fort ; quand Dominik le Québécois m’a confié la pierre que lui avait confiée sa mère, on se sent investi d’une mission qui vous pousse en avant ; quand vous déposez cette même pierre au pied de la Croix de Fer, les larmes vous viennent et vous êtes fier de l’avoir fait ; quand, pour une raison ou une autre, un de vos compagnons vous quitte, c’est toujours une grosse émotion, quand vous rentrez dans la cathédrale de Santiago, quand vous voyez pour la première fois la mer après 2 mois et demi, quand vous arrivez à Finisterre et que vous réalisez que c’est presque fini ; la dernière émotion, c’est quand vous montez dans l’avion et que vous réalisez que là, c’est bien fini, il vous reste deux heures pour faire le point, penser à tous ces moments forts, et c’est le retour à la vie d’avant, on est heureux de revoir les siens !!!
Pour conclure, je dirai : si vous avez envie de le faire, faites-le ! Combien de personnes m’ont dit que j’avais de la chance, ou que j’étais courageux, je n’ai eu ni chance, ni courage mais simplement l’envie de le faire. Tout seul, c’est ce qui est mieux, ça permet de rentrer en contact avec les autres ; si vous le faites à plusieurs, ne vous enfermez pas entre vous. Le chemin a été une aventure humaine avant tout, spirituelle ensuite, avec une recherche afin de savoir si notre vie nous a donné ce que nous cherchions ; pour ma part, la réponse est oui, une vie agréable avec une famille stable, du travail ; pour la question religieuse, je n’ai toujours pas trouvé la réponse mais, par contre, j’ai pris conscience que l’humain peut être bon, généreux et ouvert.
Tout ne m’a pas plu sur le chemin, surtout côté espagnol, où il était impossible d’aller nous recueillir dans les églises en dehors des messes, les gîtes étaient moins chers mais très peu étaient équipés pour cuisiner, ce qui nous obligeait à aller au restaurant du coin, pour finir, cela nous revenait plus cher qu’en France. En France comme en Espagne, je n’ai pas aimé les punaises qui nous dévoraient pendant la nuit.
Quelques photos du chemin en France
Marquage du GR 65
Ma barbe n'a pas encore poussé
Les 8 Québécois musiciens, Marcel & Agnès
Du côté du Sauvage
Du côté du Sauvage
Le Sauvage
La Chapelle Saint-Roch
Louis le Québécois
Agnès et Marcel
L'Aubrac
Une halte sympa !
Conques, la ville musée
Conques, la ville musée
Renaud, Agnes, Katie et les Québécois
Dominik, ??, et Marie-Claude
Cahors
Gîte avec piscine pour Dominik, Marie-Claude et moi
Petite soirée sympa
Très decidés, Marie-Claude et Dominik
Grenier à grains
Moi, Dominik, Marie-Claude
Pierre, soeur Florence Marie, Hedwige, Lucina
Auvillar
Auvillar
Phasme
Chaussures de toutes nationalités et de toutes odeurs
Faire "marcher les cailloux", c'est prendre un caillou à une croix, et le déposer à la croix suivante, afin d'emmener les prières des personnes ne pouvant aller à Compostelle .
La belle équipe
Pause buccolique
Traversée des vignes d'Armagnac
Halte sympa chez Fritz, nous dormons dans le grenier.
Jolie apparition dans le brouillard
Et oui, elles aiment bien poser
C'est de là qu'est venu mon surnom de sherpa
pour le plaisir des yeux
Un banc est toujours le bienvenu à l'heure du casse-croûte
Premier au revoir, ils ont fini pour cette année !
Des cèpes, c'est toujours bon pour le dîner
Mauvais souvenir, le jour du décès de maman
Les Pyrénées, derrière la mer de nuages
Le matin, c'est féérique
Migration des grues cendrées
Un arbre dédié aux pélerins
Une table et deux chaises mises à la disposition des pélerins
Lucienne et Sylviane, profitant de l'aspiration
Abbaye de Sauvelade
Abbaye de Sauvelade
Petit à petit, je me rapproche
Vers Ostabat
Nelly & Cornélius
Sylvianne, Dominique, Lucienne,
devant la porte de Saint-Jean-Pied-de-Port
Repas d'adieu, moi, Cornélius, Nelly, Hedwig
Le train qui emmène Hedwig
Vers Saint-Jean-Pied-de-Port
Vautour
Quelques photos du chemin en Espagne
Roncevaux
Le dortoir à Roncevaux, 118 places
J'ai déjà fait plus de la moitié
Andrew, Hector, Lucy, et un escargot anonyme allant vers Santiago
Notre Esthel préférée
La nouvelle équipe: Esthel, Dominique, Vince, Catherine, Yannick, Stéfania
Une mante sur le chemin, c'est normal, puisque celle-ci est religieuse !
Stéfania, notre cuistot
Catherine et ses carottes
La fontaine à vin
De dos : Quentin & Nicolas.
Dominique, Yannick, Vince, Miha
Esthel, Catherine, Stéfania, Jana, Seng
Yannick, Vince, Catherine, Pablito, Esthel, Stéfania
Kim
Kong
Yannick et Vince, dans l'apprentissage du vin
Vince, Stéfania, Marie-Françoise, Esthel, Catherine, Yannick, Dominique
Notre Catherine préférée
Notre Stéfania préférée
Votre serviteur
Pour le plaisir des yeux et du nez
Vince, Andy, Joke, Matt, Angéla, Paul, Noëlle, Jeannine, Dominique
Esthel, Yannick, Shane, l'hospitalier, Catherine, Stéfania
Yannick & Noëlle, ma cousine Irlandaise
Stéfania, Miha, Seng
Punaise
Passage des 1000 kms pour Noëlle
Passage des 1000 kms pour Noëlle, Dominique, et Vince
Moutons pélerins
Il paraît qu'il y a une certaine ressemblance
Qui suis-je ?
Burgos
Burgos
Esthel et Stéfania
Yannick, Catherine, Esthel
Yannick, Esthel
Kim & Kong
Esthel, Kim, et Kong
La Meseta
Pas toujours cool le camino !!!
Les premières neiges
Miha, Dominique, Paul, Danièle, Esthel, Gloria, Catherine, Yannick, Matt, Shane. Photos prise par Stéfania.
Encore une bonne soirée !
Antonia, Yannick, Esthel Lorenzo, Shane, Vince
Yannick, Esthel, Stéfania
Stéfania
Vince
Shane, ??, Catherine, Esthel, Stéfania, Jana
Le gant rassembleur
Qui a dit que le chemin n'était pas dangereux ?
Retrouvailles: Paul, Danièle, Gloria, et Esthel
Esthel, Danièle et Gloria
Au début du Chemin A la fin du Camino
La Croix de Fer
La Croix de Fer
La pierre que m'a confiée Dominik
Miha Vince
Esthel Shane
Yannick
Des rencontres étonnantes
Notre quotidien
Manon, Bozerik et Liselotte
Plus que 100 kms pour Santiago !!!
La méthode Kong pour détendre les bras
Santiago, nous voilà, 69 jours de marche et 1535 kms
le Botafumeiro de Compostelle Les rues de Santiago
Compostelle
Encore des adieux émouvants !
Saut de joie
Saut de Yannick Saut de Jana
C'est reparti pour Finisterre
Pas toujours clément le temps
Enfin la mer !!!
Encore 1 km et nous sommes arrivés
Nous arrivons tous ensemble
Cette fois-ci, le chemin, c'est fini, nous buvons le champagne
(1625 kms, 73 jours de marche, soit 22,26 kms de moyenne)
Je repars avec Esthel sur Porto.
Petite anecdote : quand nous sommes passés avec le bus sous le pont du chemin, il y avait 2 pélerins qui arrivaient à Santiago, c'étaient Quentin et Nicolas.
Pour finir en beauté et manger autre chose que le menu du pélerin, on se paie le Majestic à Porto, avec pianiste et serveur en blanc.
C'est fini !!!