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En septembre, 69 jours de marche et 1625 kilomètres, sur le Chemin de Compostelle entre Le Puy-en-Velais et Finisterre. Saint-Jacques-de-Compostelle

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20 septembre 1971 1 20 /09 /septembre /1971 07:30
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

C’est le lundi 20 septembre 1971 PARIS-GIEN  (KPJ 159) (KPP 159)

Départ de Paris.

Il est 5h30 quand maman me réveille, puis va se recoucher. Je finis de préparer mes affaires et prends mon dernier bain à 7h30. Tout me parait complet, je décide de partir tout de suite au lieu de rendez-vous devant la poste aux 51 rues de Longchamp. Là à ma bonne surprise se trouve Luc qui m’avait dit au revoir hier soir. Il m’apporte les adresses en Espagne de sa famille. Il n’est resté que 5 minutes. 2 minutes après arrive Christian qui tient absolument à me remettre la somme de 50 frs. Puis Lili et son solex, puis arrive Monsieur Dubois qui me remet une enveloppe à n’ouvrir qu’en route. Arrive ensuite le boucher de cheval qui me dit lui aussi au revoir en me disant qu’il perd un bon client, arrivent ensuite Pierre, maman, Line, Claude, papa Gilet et Monsieur Poinsot.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

(KDJ 159) Il est 8h30 et je poste ma première fiche de route au poste kilométrique 0000. Cette fiche sera le justificatif journalier de ma progression. Je la remplirai chaque soir à l’étape, méthodiquement. Elle comporte diverse indications sur l’état du matériel, du physique, du moral, du parcours y compris les renseignements météorologiques, géologiques, géographique, en un mot le temps et l’espace. Je pars de Paris, avec le soleil, beaucoup d’amis présents. J’ai a peine fait Ma première étape sera la porte  mètres que je me trouve interpellé par un journaliste de Motocycliste me demandant de faire un reportage sur les ennuis mécaniques et autres que je rencontrerai. Puis il me prend sous toutes les coutures en photos. Ma première étape sera la porte d’Italie où j’arrive escorté par mes amis en cyclos de tous genres et en particulier, par le collaborateur de Cyclomoto qui en hommes de l’art, me donnera les derniers conseils. Je prends un dernier café avec Lili et Pupuce (Line) et ce n’est pas dans un « vrombissement spectaculaire » que je m’éloigne vers la N20 sous les saluts des amis, mais doucement car je suis en rodage. Je ne suis pas Don Quichotte quand-même ! D’ailleurs je suis vite rendu à la réalité par une vérification d’identité à Ponthierry et j’arrive à Gien à 15h15 chez mon oncle.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 159 Mardi 21 septembre 1971 : GIEN – BROUT-VERNET (KPJ 201) (KPP 360)

10h après le coup de téléphone de maman je pars faire des courses, antivol, pataugas, pellicules, antivol et rustine. Je passe à Briare voir une cousine de M. Dubois (80ans), elle m’accueille à bras ouvert avec des petits gâteaux. Je repars à midi à 18h30 j’arrive à Broût-Vernet, j’achète une boite de cassoulet, je monte ma tente et prépare mon repas, j’ai tout, en fonction de ce que je peux emporter sur un cyclo. Sauf… que j’ai quelques difficultés au camping pour ouvrir ma boîte de choucroute, n’ayant pas d’ouvre boîte ! 20h30 je me couche.

PK 360 Mercredi 22 septembre 1971 : BROUVERNET – MARVEJOLS (KDJ 227) (KPP 497) Pluie et vent.

8h30 je me lève, je fais une petite lessive ainsi que la vaisselle d’hier soir. 8h40 je prépare mon petit déjeuner composé de lait concentré de café et de pain 10h10 je suis prêt et démarre pour n’arrêter qu’à 12h30, je fais un casse croute. Aujourd’hui beaucoup de vent et de pluie. J’arrive à Saint-Flour vers 16h00 j’achète un steak et 2 tomates et du beurre pour mon repas du soir, j’arrive au camping de Marvejols à 19h00, je plante ma tante avec du mal, le sol est très dur. 20h30 dodo (ma bougie a perlé 3 fois).  

 

PK 587 Jeudi 23 septembre 1971 : MARVEJOLS – SIGEAN (KDJ 252) (KPP 839) Pluie et vent.

Réveil 8h00, le temps est mauvais le ciel est gris et il pleut ce matin. Je range mon bordel et me mets en route à 10h30, vers 13h15 arrêt au restaurant, menu à 11frcs, je pense que ce n’est pas sérieux mais c’est ma dernière folie française, je repars l’estomac plein. Je ne m’arrêterais qu’à Sigean entre Narbonne et Perpignan trempé par la pluie. J’écris ma première lettre pour Lili, 20h30 Dodo

PK 843 Vendredi 24 septembre 1971 : SIGEAN – FIGUERAS (KDJ 110) (KPP951)

Je pars à 9h20, il pleut tellement que je m’arrête dans un bistrot. Je parle avec la patronne, elle me raconte qu’elle aussi devait partir avec son mari pour Abidjan, il devait fabriquer de la limonade, tout était prêt et 8 jours avant de partir son mari s’est dégonflé, maintenant ils tiennent un bistrot et a construit un musée de l’automobile avec une dizaine de voiture en état de marche datant de 1895 à 1920et une vielle moto à courroie et 5 autres voitures à restaurer. 12 h adieu la France ! Là on ne m’a rien demandé ni chez les français, ni chez les espagnols 13 h, j’arrive à Figueras, ville considérée comme sinistrée ; il y a de l’eau partout dans les rez-de-chaussée et pas d’électricité. Je vais chez Imma (des parents à la famille Gilet) je trouve sans difficulté, les présentations furent difficile ils ne parlent pas français et moi pas espagnol, heureusement leur fille est arrivée. Je déjeune avec eux des patates et une saucisse. L’après midi ils me présentent aux parents de Salvador (beau frère de Luc) je dépose la fille d’Imma à son travaille, bois un café et passe à la poste ou j’ai trouvé une lettre de maman et de ma sœur Claude qui me disait quelle m’envoyait un blue-jeans une boussole et une paire de pataugas montantes, ça tombe bien car mon pantalon commence à avoir un trou aux fesses. Je retourne boire un coca, là le barman m’explique ce qui c’est passé à Figueras, considéré comme ville sinistrée, la ville à été envahie d’eau jusqu’à 2m50 et les voitures emportées par l’eau, les habitations son encore pleines de boue, il n’y avait toujours pas d’électricité sauf entre 12 et 14 h et 20h et 22h. Vers 19h je récupère la fille d’Imma et allons manger chez ses grands parents, au menu saucisson, jambon cru, pain enrobé de tomates et grillé des patates. Je dors sur place.

PK 953 Samedi 25 septembre 1971 : FIGUERAS – TARRAGONE (KDJ 218) (KPP 1169) Le temps est au beau.

7h15 je suis réveillé car ils vont travailler pour 7h30, je prends mon petit déjeuner (café au lait, jambon, saucisson, pain et gâteau), je suis paré. 8h je vais faire du change et vais à la poste puis j’achète des cigares pour le père. 10h10 je suis prêt pour le départ, je dis au revoir à tout le monde. 12h30 arrêt casse croute, j’en profite pour écrire à Luc et Christian. J’en repars vers 13h30. Ma bougie au démarrage a perlé 3 fois. Je m’arrête au camping L’ALBA (il existe encore en 2020) à 18 kms au nord de Tarragone (Creixell). Coucher vers 20h30. Je n’ai pas très bon moral, je pense que c’est par ce que je suis seul au camping. Je décide de rester demain au camping.

PK 1170 Dimanche 26 septembre 1971 : Repos (KDJ 000) (KPP 1169)

8h45 je me lève avec du mal, Je trouve qu’il me manque un matelas pneumatique pour dormir (six jours en selle) mais je fais ma lessive et ma vaisselle pas facile. Je prends mon premier cachet de quinine et de la vitamine C. Après je prends 2 photos à la minuterie avec moi dessus. Je remarque un problème sur ma mobylette qui risque de devenir grave si je ne trouve pas une solution avant les pistes, mon porte bagage arrière s’affaisse sous le poids de la malle. 20h après avoir mangé et lu je vais dormir.

PK 1509 Lundi 27 septembre 1971 : TARRAGONE – GANDIA (KDJ 340)

Déjà une semaine que je suis parti, ça n’avance pas. 7h45 je me lève, le temps est au beau, 9h30 je démarre. Une heure plus tard je m’arrête pour prendre un café et un croque monsieur. Le propriétaire parle un peu le français, j’en profite pour me renseigner sur les prix et beaucoup d’autres choses. La route est longue et monotone mais récompensée par une piscine olympique dans le camping 10 kms avant Gandia. Coucher 22h00.

PK 1669 Mardi 28 septembre 1971 : GANDIA – ELCHE (KDJ 160)

Il fait très beau, je me lève à 8h30, bain dans la piscine, une grenouille nage jusqu'à moi et viens se poser sur mon bras, je la dépose sur le bord de la piscine mais elle resaute dans la piscine. En revenant à ma tente un chien en ressort avec une de mes paires de chaussettes propre en plus. Je démarre vers 11h00, je suis derrière un camion et profite de l’aspiration et fini par me retrouvé sur une route hors de mon itinéraire. 10 kms après je demande mon chemin pour Alicante à un paysan à qui j’offre une cigarette, il prend le paquet, ça coute cher de ce tromper en Espagne. 14h00 j’arrête pour déjeuner à 15h30 j’arrive à Alicante où les banques sont fermées. Je n’ai plus d’argent espagnol. Non plus de change à l’aérodrome. Je trouve un change au camping d’Elche – Ouf !... Dans le camping se trouvent 1 Suisse, 1 allemand, 1 anglais et 2 français. L’anglais revenait de Tamanrasset ou il avait été obligé de faire demi-tour car il n’avait pas assez d’argent pour la garantie de 5000fr qu’il devait déposer en douane. 21h30 je vais me coucher. 

 

PK 1964 Mercredi 29 septembre 1971 : ELCHE – ALMERIA (KDJ 295)

Levé à 7h45 je démarre à 9 h30 après avoir dit au revoir à des amis anglais qui me donnent une carte du Maroc et prends mon petit déjeuner avec des Suisses. 12h je fais mon plein d’essence. Ça fume ! Ma bougie perle ! Mon moteur fait un drôle de bruit ! Je perds ma vitesse dans les côtes ! (le pompiste a dû se tromper dans les doses car il a fait le mélange à la main. Authentique !). Le paysage à changé,  plus désertique, beaucoup de trafic. Je suis passé par Murcia pour me changer de la mer. Arrivé à Almeria je me dirige vers l’office du tourisme pour connaître les tarifs des bateaux partant de Malaga, pour finir il me donne ceux partant d’Algeciras, environs 50 frs pour une personne et avec une Mobylette c’est beaucoup plus cher, quand je pense que j’aurais payé 130 frs au départ de Marseille pour Alger. Pour le repas du soir j’ouvre une boite de pieds de cochon qui dans un geste malheureux fini en bas du mur avec la casserole sur lequel je cuisinais. Pas moyen de la récupérer elle est 5 mètres plus bas. Je rachète une boite de poulet plein d’os en écoutant les chats se disputer les pieds de cochons, à mon avis ils devaient être bons. 22h je vais me coucher.

PK 1964 Jeudi 30 septembre 1971 : Repos. (KDJ 000)

6 h00 je suis réveiller par les chats qui joues entre le double toit de ma tente 9h00 petit déjeuner ; écrits divers : fiche de route, courrier, déjeuner, re-courriers, réécrits, carnet de bord, rédaction, correction, etc. Dîner, alors je lis France-Soir. C’est agréable de lire un peu les autres. 20h30 dodo.

PK 1977 Vendredi 1er octobre 1971 : Repos et tourisme. (KDJ 013)

L’agréable du cyclo : La mobilité. Après avoir fait des courses en ville et quelques randonnées, je vais contempler la mer et me baigner. 13h je mange le beefsteak que j’ai acheté en ville. 16h alors que je regardais la mer, je vois un dauphin ou quelque chose comme ça. Je fais le calcul de mes dépenses journalière je dépense environ entre 15 et 20 frs par jour soit environs 4 frs de camping, 7 frs d’essence et le reste pour la nourriture et le tabac. 18h je mange trois patates sautées (qui finissent en purée). Les chats ont mangé mon saucisson et en voulant donner à l’un d’eux ma dernière tranche, l’un ma griffé sans le faire exprès. 21h30 j’ai été me coucher, en attendant de trouver des animaux plus originaux. Bientôt l’Afrique !

 

PK 2208 Samedi 2 octobre 1971: ALMERIA – TORREMOLINOS (KDJ 231)

8 h : je me lève plutôt à cause du bruit que par envie. 10h : je pars, à 10h45 je passe le cap des 2000 km, La route est jolie mais par endroit, il n’y a plus de bitume. Qu’importe le flacon… à 16h30 j’arrive à Malaga, cité splendide certes, mais où il n’y a rien à faire et je pousse jusqu’à Torremolinos, ville qui offre beaucoup de distraction. J’y rencontre deux Belges un couple de français deux voiture allemande et un anglais, je quitte le camping avec les belges pour aller faire un tour et m’amuser, c’est très joli, il ya des rues très étroite et beaucoup de monde, surtout des étrangers il y a des artistes parisiens, anglais et allemand, il y en a qui fabriquent des colliers d’autres des objets en cuir, des tableaux, des gravures etc.… Nous nous arrêtons dans un café, là on a tous pris un pastis, après on a été mangé une crêpe flambée au Grand-Marnier et boire une bière dans une cave allemande, (vive le folklore espagnole) l’ambiance était formidable, il y a un autrichien qui nous offre une choppe de ½ litres, avec celle qu’on avait bu avant ça fait 1 litre et après une choppe de 5 litres. Quel travail mon zami. Je suis ressorti complètement bourré, à minuit 30 on est rentré et toute la nuit j’ai été malade, je me demande bien pourquoi ?

PK 2317 Dimanche 3 octobre 1971 : TORREMOLINOS – SAN ROQUE  (KDJ 109)

8h30, je range et prends mon petit déjeuner avec les Belges, 11h15 je pars pour Algeciras après avoir été photographié par les touristes, curieux de mon équipage. J’ai pris les horaires du bateau avant de quitter le continent. Il m’invente un tarif pour la Mobylette car celle-ci n’a pas d’immatriculation contrairement au espagnol, je prendrai mon billet que demain. 17h30 je rentre au camping où j’achète un saucisson et une crème de poulet, jurant cette fois que les chats ne me le prendraient pas. 20h30 je vais me coucher.

 

PK 2658 Lundi 4 octobre 1971 : SAN ROQUE – MECHRAA-BEL-KSIRI Via CEUTA – TANGER (KDJ 258)

Je me lève à 5h30 je range mes affaires. A 6h15 je suis prêt mais je n’ai pas mon passeport, je suis obligé de chercher le gardien pour qu’il me le rende. 7h15 petit-déjeuner à Algeciras. 8h00 j’embarque après avoir pris mon billet : 170 pesetas (16 frs) pour le cyclo et moi. Je fais une arrivée mouvementée sur le bateau, mon cyclo ayant dérapé sur la passerelle mouillée je me retrouve sur les fesses et la Mobylette à deux doigts de finir dans le port. Des Belges applaudissent vivement mon numéro de voltige et illico ils deviennent mes amis. Ils m’ont traité de fou en riant un des leurs avait déjà fait le voyage et m’a déconseiller de traverser le Rif, c’est la plus courte mais la plus infestée de brigands, je décide donc de passer par Fès, il m’a donné beaucoup de conseils pratiques. 9h40 : bonjour l’Afrique. Un passage rapide à la poste de Ceuta rien 1h00 pour les formalités de douane ; 12h30 : je suis sur la route de Tanger. Les belges me doublent, 2 kms plus loin, je les trouve le nez dans leur moteur. Ils ont perdu leur bobine dans la descente et ne s’en sont aperçus qu’en bas. Là, je leur ai dit « Avant de dire que je n’arriverai pas à Abidjan, demandez-vous si vous arriverez à Casablanca », puis j’ai été leur chercher leur bobine 1kms500 plus loin. Là ils m’ont pris en photo. A Tanger je passe à la poste restante ou je trouve une lettre de Claude. Je fais le plein et rempli 3 litres dans mon jerricane, le pompiste me déconseille de rouler de nuit, Je m’arrêterais à l’hôtel l’Orangeraie (pour une fois) à Merchra-Bel-Ksiri. J’ai choisi la chambre la moins chère mais la mieux, elle se situe sur une terrasse de 100 M², une fois installé et décide de rester la journée de demain et vais faire quelques courses, j’achète une lampe tempête et à manger.

PK 2658 Mardi 5 octobre 1971 : MECHRAA-BEL-KSIRI Demi-repos,  (KDJ 000)

A part la lessive j’écris, et je réécris car demain, je souhaite faire un peu de tourisme à la recherche d’un endroit qui me plaise, pas trop en ville, pour connaître mieux les marocains.

PK 2873 Mercredi 6 octobre 1971 : MECHRA-BEL-KSIRI – TAHALA (KDJ 215)

8 heures debout je dépose 2 pellicules ainsi que mon cahier de lettres. 10 heures je démarre, je traverse une très jolie région montagneuse du Maroc. A 13 heures je traverse Fès sans m’arrêter car je n’ai plus d’argent Le voyage se fait par une route assez bonne mais peu large. La végétation est presque nulle, la température est plus élevée. Je m’arrête à un carrefour c’est là que je rencontre au bord de la route un jeune marocain (Daly) qui m’héberge pour la nuit dans une maison typique de la région. 3000 kms parcourus, j’y suis, j’y reste ! Je décide de faire la révision de ma Mobylette, en voulant régler l’avance d’allumage je fais tombé sans m’en apercevoir la bague du régleur d’avance dans le moteur, se fut la catastrophe quand je la remis en route gros bruit et plus rien. Chemise et piston foutus. Je téléphone à Paris pour que l’on m’envois les pièces. 20h30 je vais chez Ben Amar qui pour me consoler me prépare un poulet aux amandes, un régal.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette 1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

 

PK 2873 du mercredi 6 octobre au 18 octobre 1971 : TAHALA (KDJ 000)

J’y reste parce que j’y suis presque contraint par mon ami Daly. C’est un jeune technicien agricole. Fier de son pays et de son métier, il m’a fait visiter la région où j’ai vu un monde divers et nouveau, des tortues d’eau qui se trouvent dans les mares en passant par les presses à olives. Jusqu’à maintenant, je m’étais méfié des marocains mais maintenant, c’est fini. Ce sont des gens charmants, je suis invité partout et j’ai été adopté dans le village. J’ai assisté au souk, j’ai visité le centre technique agricole où j’ai fait connaissance de toutes sortes de gens. Certains se demandent sûrement ce que devient mon cyclomoteur, pendant ce temps. Il va bien. J’attends les pièces de Paris, il attend sagement comme un vieil âne marocain. J’assiste avec Daly à un mariage, j’ai mis une djellaba et un chèche pour passer inaperçu, le mariage dure 3 jours pendant lesquels le mari n’a pas le droit de voir sa femme, on mange on boit et l’on dance même moi et le dernier soir l’homme dois honorer sa femme devant témoins, une fois que la chose est finie les femmes retirent les draps et les montrent à l’assistance pour constaté qu’il y a bien du sang. Ci ce n’est pas le cas elle est renvoyée chez elle.

MECHOUI A TAHALA. On a traversé des champs parsemés de cailloux jusqu’à une lumière qui plus on se rapprochait, plus elle devenait immense jusqu'à laisser découvrir une animation folle. Là, des gens chantaient tout en dansant, accompagnés d’énormes tambourins. Après avoir jeté un bref coup d’œil sur l’ensemble, j’ai mis une djellaba que l’on m’a prêtée et on nous fit rentrer, Abdagi Daly et moi, dans une grande pièce assez longue où se trouvaient sur  toute la longueur des sièges ; et au milieu des tables rondes de 50 cm de haut, ils étaient déjà une vingtaine assis. Je me suis assis et là, on a attendu 1h30, puis tout le monde s’est rassemblé autour de la table où l’on a apporté le méchoui que nous avons commencé à manger. L’emploi d’un couteau et d’une fourchette est absolument interdit, ainsi que l’assiette. On prend un morceau de viande dans le plat, on le porte à sa bouche. Cette dernière opération n’est permise que de la main droite. Après le méchoui, on nous apporte du poulet aux amandes. C’est le même procédé que pour la pièce de mouton et le couscous (où une fleur m’a été faite : je n’arrivais pas à rouler la semoule en boule, alors ils m’ont donné une cuillère). Tous les plats sont mangé très vite, car la salle n’étant pas assez grande pour réunir tout le monde, d’autres attendent que l’on ait fini et ainsi de suite. Après nous sommes sortis pour aller voir les danses puis Daly est venu me chercher pour me dire qu’il fallait danser pour les remercier de l’invitation, ce que je fis. J’en eus vite assez car la musique dure très longtemps et toujours sur les mêmes airs. Ne comprenant pas les paroles, cela devient pénible. La danse ne change pas, il faut plier les genoux avec rythme ou danser une sorte de twist. Mais d’un autre côté, c’était amusant, et j’étais très remarqué par le public, ravi de voir que j’étais des leurs. Quelques-uns sont venus me parler (en berbère) – traduction de ce qu’ils me demandaient ; pourquoi êtes-vous blond ? Ils croyaient que j’étais arabe et quand on leur disait que j’étais français, ils étaient un peu déçus de ne pas avoir un des leurs blonds, mais contents à la fois qu’un français se mêle à eux.

C’est ainsi que je vais passer mes douze jours au Maroc : je suis couché, nourri, blanchi et entouré de mille gentillesses. Encore un ami ! Le photographe du village.

Une semaine s’est écoulée depuis mon coup de téléphone et les pièces arrivent. Samedi nous avons réparé la Mobylette avec le mécano où travaille Ben, il est vraiment très fort, dimanche nous avons fait 50 kms pour la roder. C’est dommage car je commençais à bien me plaire ici. Je suis satisfait de cette halte. Elle m’a enrichi énormément. « vivre chez l’habitant » est une expérience magnifique, surtout dans cette civilisation orientale, où le bon accueil n’est pas seulement une tradition mais un rite. Certains se demanderont le but de mon voyage, pourquoi ce récit un peu absent du cyclomotorisme. Je pense que le Maroc en cyclo c’est bien mais que comparativement au programme que je me suis accordé, avant Alger rien n’est commencé.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

MECHOUI A TAHALA. On a traversé des champs parsemés de cailloux jusqu’à une lumière qui plus on se rapprochait, plus elle devenait immense jusqu'à laisser découvrir une animation folle. Là, des gens chantaient tout en dansant, accompagnés d’énormes tambourins. Après avoir jeté un bref coup d’œil sur l’ensemble, j’ai mis une djellaba que l’on m’a prêtée et on nous fit rentrer, Abdagi Daly et moi, dans une grande pièce assez longue où se trouvaient sur  toute la longueur des sièges ; et au milieu des tables rondes de 50 cm de haut, ils étaient déjà une vingtaine assis. Je me suis assis et là, on a attendu 1h30, puis tout le monde s’est rassemblé autour de la table où l’on a apporté le méchoui que nous avons commencé à manger. L’emploi d’un couteau et d’une fourchette est absolument interdit, ainsi que l’assiette. On prend un morceau de viande dans le plat, on le porte à sa bouche. Cette dernière opération n’est permise que de la main droite. Après le méchoui, on nous apporte du poulet aux amandes. C’est le même procédé que pour la pièce de mouton et le couscous (où une fleur m’a été faite : je n’arrivais pas à rouler la semoule en boule, alors ils m’ont donné une cuillère). Tous les plats sont mangé très vite, car la salle n’étant pas assez grande pour réunir tout le monde, d’autres attendent que l’on ait fini et ainsi de suite. Après nous sommes sortis pour aller voir les danses puis Daly est venu me chercher pour me dire qu’il fallait danser pour les remercier de l’invitation, ce que je fis. J’en eus vite assez car la musique dure très longtemps et toujours sur les mêmes airs. Ne comprenant pas les paroles, cela devient pénible. La danse ne change pas, il faut plier les genoux avec rythme ou danser une sorte de twist. Mais d’un autre côté, c’était amusant, et j’étais très remarqué par le public, ravi de voir que j’étais des leurs. Quelques-uns sont venus me parler (en berbère) – traduction de ce qu’ils me demandaient ; pourquoi êtes-vous blond ? Ils croyaient que j’étais arabe et quand on leur disait que j’étais français, ils étaient un peu déçus de ne pas avoir un des leurs blonds, mais contents à la fois qu’un français se mêle à eux.

C’est ainsi que je vais passer mes douze jours au Maroc : je suis couché, nourri, blanchi et entouré de mille gentillesses. Encore un ami ! Le photographe du village.

Une semaine s’est écoulée depuis mon coup de téléphone et les pièces arrivent. Samedi nous avons réparé la Mobylette avec le mécano où travaille Ben, il est vraiment très fort, dimanche nous avons fait 50 kms pour la roder. C’est dommage car je commençais à bien me plaire ici. Je suis satisfait de cette halte. Elle m’a enrichi énormément. « vivre chez l’habitant » est une expérience magnifique, surtout dans cette civilisation orientale, où le bon accueil n’est pas seulement une tradition mais un rite. Certains se demanderont le but de mon voyage, pourquoi ce récit un peu absent du cyclomotorisme. Je pense que le Maroc en cyclo c’est bien mais que comparativement au programme que je me suis accordé, avant Alger rien n’est commencé.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 3058 Lundi 18 octobre 1971 : TAHALA – GUERCIF  ADIEU, TAHALA !

J’ai dû « boucler » mon récit un peu vite cet après-midi, mais connaissant la conscience avec laquelle mon rédacteur en chef met en place son journal, je m’en voudrais de lui apporter un retard quelconque. Il est précis, j’apprends à l’être. On apprend beaucoup quand on voyage, les obligations ne manquent pas, elles deviennent vite des réalités. En dehors des problèmes financiers qui ne sont pas les moindres, il faut résoudre les problèmes purement subjectifs, par exemple la lessive, la nourriture, les soins mécaniques, le courrier, le carnet de bord, les formalités administratives. Il faut rester « responsable » sans arrêt.

En dehors du caractère expérimental de mon entreprise, tant sur le plan cyclo que humain, il y a la notion d’espace que je ne veux pas comparer aux exploits des cosmonautes, mais qui quand même, mérite d’être soulignée ; à l’échelon continent (et inter-continents) le voyageur cyclo ou moto, bon « terrien », appartient de fait à une espèce de « club » sauvage sans étiquette. Les contacts sont immédiats. Il n’est pas besoin de venir en Afrique pour le constater. Lors de la concentration du Mans, par exemple, les motocyclistes et cyclomotoriste forment une espèce de chaîne qui, de l’aller au retour jusqu’au dernier maillon, se tend spontanément du premier parti au dernier rentré. Rien de plus sûr que d’aller au Bol d’Or, petites et grosses cylindrées étant d’un coup solidaires les unes des autres.

Je pense que c’est une jeunesse efficace et pacifique. Cela m’amène à penser que les deux roues à moteur seront le principal atout de l’entente entre les peuples. Pourquoi pas ?

En tout cas mon accueil au Maroc en est la preuve. En quittant Tahala (où on m’appelait le Sharif, qui semble vouloir dire personne très religieuse) j’ai visité tous mes amis, y compris ceux du centre technique agricole car tout le monde m’avait adopté et nul ne réalisait que mon départ était effectif.

Après les adieux (ou au revoir si tout marche bien) je prends mon dernier repas à Tahala à 12h15, après être passé à la poste pour remettre un paquet contenant un soufflet (cadeau à mes parents, il sert à activer le feu lors de la cuisson du mouton, il est remarquable de finition et de puissance vu sa petite taille) et quelques pellicules photo. Les postiers ont fouillé le colis et jusqu’au soufflet (il paraît qu’ils cherchent à détecter les trafics de drogue). 

 

PK 3058 Lundi 18 octobre 1971 : TAHALA – GUERCIF  (KDJ 185)

7h30 je me lève et range toute mes affaires. Après être passé à la poste je dis au revoir à tous mes amis et démarre. Vers 15h00 alors que je monte une côte deux gamins essaie de me voler mon blouson, je m’arrête et on le culot de venir me demander une cigarette, je refuse et redémarre, ils me lancent des pierres. 16h00 je m’arrête dans un café car je n’ai plus d’essence, la prochaine pompe est à 38 kms, le patron envoi son fils m’en chercher dans un camp militaire à 3 kms après quoi il arrête un automobiliste pour l’huile, malgré le mélange incertain Lilipuce a très bien marché. 19h00 j’arrive à Guercif je vais à l’hôtel des Voyageurs, Lilipuce* dort avec moi dans ma chambre. J’ai eu assez de mes dix doigts pour compter les arbres que j’ai rencontrés ici, j’ai l’impression d’être déjà au Sahara. Le paysage est formidable. Je suis heureux et encore empreint de mon séjour à Tahala. Déjà un mois de passé et 3000 km parcourus. Demain je serai en Algérie !

* Lilipuce : nom du cyclo

PK 3311 Mardi 19 octobre 1971 : GUERCIF – TLEMCEN  (KDJ 200)

Je ne me lève qu’à 8h30 ; je vais prendre mon petit déjeuner et porte ma fiche de route à la poste, 10h je démarre. 10h30 je m’arrête pour prendre une photo d’un gosse qui vend des lézards énormes, avec une queue aussi large que le corps. J’ai bien failli en acheter un. Un couple de français avec une 450 Honda s’arrête après m’avoir croisé. Ce sont deux jeunes étudiants très sympas ; lui s’appelle Norbert et elle je ne sais pas (2). Ils rentrent sur Paris. Ils ont fait à peu près le même trajet que moi et ils vont prendre le bateau à Alger.

15h30 : j’arrive à la frontière d’Algérie. Je repars de la frontière à 18h00 après avoir fait le plein d’essence ; je rencontre une autre moto, mais qui va à Paris par le Maroc. C’est un gars d’Alger. Il est champion de cross en Algérie ; il me donne l’adresse à Alger de son cousin qui lui est champion d’Algérie de vitesse. Il a couru au championnat du monde à Barcelone et à terminer 11ème sur 54. C’est à 18h30 que j’arrive à Tlemcen au moment ou les postiers ferment. J’y trouve mon courrier 2 lettres de maman. Là, je suis invité par le postier et deux de ses amis. Ils me trouvent un bon hôtel où nous mangeons un très bon steak, des pommes croquettes, et un flan (offert par eux) 23h00, je me couche.

(2) N.D.L.R. Elle s’appelle Corinne ; nous avons rencontré ces deux jeunes gens, étudiants à Jussieu (histoire, géographie), en effet très sympathiques. Ils nous ont donné des nouvelles « fraiches » de Dominique ainsi qu’une pellicule. Ils sont bien arrivés, à part une bosse au réservoir d’essence due au mauvais amarrage en cale, dans le bateau.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 3511 Mercredi 20 octobre 1971 : TLEMCEN – SIG – Avant BIDA (KDJ 423)

Premier jour du Ramadan ou Carême. Le Ramadan dure un mois, les gens n’ont pas le droit de manger entre le lever et le coucher du soleil, ni de fumer et boire. 8h00, je descends prendre un petit déjeuner pour parer à toute éventualité d’un jeûne forcé ! Je pars à 10h30 après avoir dit au revoir au postier. A 13h30 j’arrive à Oran. Je suis obligé de me dépêcher car il ne me reste que 50 frs ; je sais qu’à Alger un mandat m’attend, ce qui ne m’empêche que je vais à la poste où je trouve une lettre et je mange quand même un poulet entier. Que de monde pour me regarder manger ! Ils ont tous des têtes de jaloux ! 15h30 je repars, après avoir eu un contrôle de police car je ne portais pas de casque. Mais très étonnés que je vienne de France, ils m’ont laissé repartir. Il est 18h00 ; je m’arrête à la sortie de Sig à proximité d’un auto-stoppeur canadien. A  18h30 il n’est pas pris, on décide de faire équipe ensemble pour la nuit. C’est moins risqué. Un velouté de poulet fera l’affaire du repas du soir, mais un vieil Algérien (un berger) nous offre le café et de plus, quelques mangeailles, après le canadien a sorti son matériel pour hachicher que l’on fume ensemble. 22h30 on ferme la tente et on dort.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 3746 Jeudi 21 octobre 1971 SIG – 140 KMS AVANT ALGER (KPJ 235)

A 8h30 réveillé par le soleil qui chauffe ma tente ; café au lait, toilette dans l’oued ; je redémarre. La route est mauvaise, un peu de vent mais l’étape s’accomplit. Nous parton à 9h30, après un arrêt rapide à Blida, c’est à 17h30 que j’arrive 140 kms avant Alger dans un hôtel tenu par des gens du midi. 20h00 dodo. Je ne me rappelle plus le nom de la ville.

PK 3960 Vendredi 22 octobre 1971 : Arrivée à ALGER (KDJ 188)

9h30 je démarre pour Alger. 12h00 je m’arrête un peu après Blida j’ai des ennuis avec un pédéraste. 13h30 j’arrive à Alger où aussitôt je recherche l’adresse de M. L’Arbesse, champion de moto. Je laisse mes affaires dans un garage et je vais en vitesse chercher le courrier à la poste, les colis ne sont pas là (pièces détachées diverse, chaussures de toile, feuilles de route polycopiées, etc.) que j’avais laissés à Paris pour éviter du poids. A 15h30, je rencontre Larbesse chez qui j’achète un pneu est des rustines. A 17h30 j’ai rendez vous avec L’Arbesse je vais coucher chez lui. Vous voyez que l’accueil légendaire des orientaux n’est pas vain. Ils se mettent « en quatre » pour vous aider.

PK 4001 du samedi 23 octobre 1971: ALGER EN VILLE (KPJ 67)

Je me lève tôt après un petit déjeuner copieux ; je passe à la poste puis au garage de L’arbesse, un saut au consulat de France et à l’office du tourisme. A 12h30 toujours la poste où cette fois, j’ai rendez-vous avec Ali (le frère du garçon que j’avais rencontré en moto) Là, à ma bonne surprise, je retrouve les français que j’avais rencontrés au Maroc et, quelques instants après, le canadien, mon ex-équipier garde du corps ! On va tous manger ensemble. Ali propose de loger les deux français ensemble. Après s’être délestés de nos affaires, nous faisons le tour de la ville.

PK 4078 dimanche 24 octobre 1971 : ALGER EN VILLE (KPJ 77)

Le lendemain matin, je rencontre Norbert avec une demi-heure de retard. Nous partons pour essayer d’avoir des billets de bateau. C’est toujours le Ramadan ; aussi nous nous armons d’un précieux aide (un mécano de Larbesse). La matinée passe, c’est l’insuccès complet, impossible de trouver des billets de bateau. Norbert est inquiet, il rentre en FAC ces jours-ci ; Place Abd-El-Kader, nous mangeons deux hot-dogs et on reprend les recherches. A 14h on abandonne et on va voir Larbesse au cross. C’est vraiment un champion. Il me fait une révision extra de mon cyclo et reprenons nos recherches. Ceci nous amène à parlementer directement avec le commandant de bord d’un bateau « le Roussillon ». Un espoir se dessine. Je retourne en ville prendre les affaires de mes amis, les négociations ayant abouti. La Honda est embarquée quand je reviens. A 20h15, « Le Roussillon » quitte l’Afrique. Avant de partir, Norbert et Corinne m’ont donné 100 Fr car ils ne pouvaient plus les repasser en France. Il n’est pas facile de sortir de l’argent d’Afrique du Nord. Je leur ai donné une lettre et une pellicule à remettre à Paris, avec des nouvelles toutes fraîches. 22h ; je vais me coucher épuisé !

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PROCHAIN OBJECTIF : TAMANRASSET

Pour moi aussi maintenant c’est la fin de la traversée du grand village qu’est devenue la côte méditerranéenne pour les motos et les cyclo, il est certain que je reste seul « Touriste » pour l’azimut plein Sud. Prochain objectif ; Tamanrasset. Matériel bien réglé. Forme et moral sont bons, mais la tâche devient sérieuse.

P.S. J’ouvre un petit concours (où il n’y a rien à gagner) ; trouver un mot qui désigne un cyclomotoriste qui fait des parcours lointains (pas explorateur, pas globe-trotter, pas routard). A vous de trouver. (Certain journaliste du Centre emploient « Hydrocampeur » pour désigner des touristes qui se déplacent en nageant par les cours d’eau. C’est bien trouvé !).

PK 4267 Lundi 25 octobre 1971 : ALGER – AIN OUSSERA (KDJ 266 )

7H30, je prends mon petit déjeuner et prépare mes affaires, 9h00 puis pars au consulat de France. Là j’apprends qu’il n’y a pas de caution à payer pour le Niger. Je vais à la poste où l’on me dit que mes paquets sont arrivés à Alger mais déjà reparti sur Paris ! 12h30, en route. Le temps est au plus beau après la pluie de l’autre jour. Vers 14h00 par contre ça se gâte et quelques gouttes commencent à tomber. J’ai l’occasion de voir quelque chose de formidable ; une nuée d’oiseaux, je ne saurais les dénombrer mais au moins 500.000 qui s’abattent sur les vignes dévorant les raisins en quelques secondes. Rien ne peut arrêter leurs ravages. Tous les gens sont là pour les chasser avec des tams-tams. C’est vraiment désolant pour le paysan de voir son travaille d’un an détruit en quelques secondes. C’est dommage, je n’ai pas pu prendre de photos car il faisait trop sombre.

17h00, j’arrive à 30 km de Medea où je trouve, au milieu de la route un âne assez jeune couché et qui au passage des voitures, ne bouge pas. Je me suis donc arrêté pour voir ce qu’il avait, persuadé qu’il était blessé, lui regardant les pattes, partout et ne trouvant rien. Comme j’avais soif, je suis retourné à ma Mobylette pour boire et quand je me suis retourné, l’âne s’est levé tranquillement et est parti comme si de rien n’était. Furieux, mais content de m’être fait avoir, j’ai repris la route. Arrivé à Medea je repars 30 minutes plus tard et m’arrête près d’une Land-Rover d’anglais avec qui je ferai équipe pour la nuit. Après m’être rempli l’estomac de café et les oreilles de guitare, je me suis couché.

PK 4519 Mardi 26 octobre 1971 : AIN OUSSERA – LAGHOUAT (KDJ 252 )

 A 9h10 je m’en vais ; les anglais me rattraperont à la ville. Là, je fais le plein d’essence mais le mélange a été mal fait et l’huile est tombée au fond du réservoir, bouchant le gicleur. Maintenant le paysage commence à devenir plus désertique. 18h00, j’arrive à Laghouat et je vais à l’hôtel. Je suis très fatigué de mon séjour à Alger car j’y ai subi les horaires du Ramadan ; c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas roulé demain. Après un bon gueuleton, je vais me coucher !

PK 4519 Mercredi 27 octobre 1971 : LAGHOUAT  (KDJ 000)

9h15 Péniblement je me lève et vais en ville faire des courses. Je cherche partout des pellicules depuis Alger et je n’en trouve pas. Un photographe m’en vend une de son stock personnel. Tout l’après midi et le soir jusqu’à 21h30 il pleut.

 

PK 4733 Jeudi 28 octobre 1971 : LAGHOUAT – GHARDAIA (KDJ 214)

10H30, j’installe mes affaires sur ma Mobylette et pars en ville acheter une vache à eau ; une vraie en peau de chèvre ; je dois dire qu’elle dégage une forte odeur. 12h30, je démarre. A la sortie de la ville il y a un contrôle de police : ils me disent qu’à partir d’El Golea on ne me laissera pas continuer et que je serai obligé de prendre un camion. 15h30, je m’arrête à l’ombre d’un arbre et installe sur mon cahier la carte d’Afrique. 16h30, je repars et ne m’arrête plus qu’à 19h00 une fois arrivé à Ghardaïa où je fais des courses et le plein d’essence : 4 litres dans l réservoir et 2 litres en réserve. 22h30 je plante ma tente à 8 km sur la route d’El Golea.

 

PK 5034 Vendredi 29 octobre 1971 : GHARDAIA – EL GOLEA (KDJ 301)

10H30, je suis prêt à reprendre le chemin de Ghardaïa pour aller à la poste et faire des courses. En poste restante je trouve un mandat télégraphique et l’avis de téléphoner en PCV à Paris, mais pour l’instant il est trop tard, il faut que j’attende 14h00.

Je sors de la ville et rencontre un auto-stoppeur anglais qui va à El Golea. Je mange une boite de sardines à côté de lui ; nous bavardons et je redescends à Ghardaïa téléphoner.

15h15, je reprends la route d’El Golea où je retrouve mes amis anglais à la Land-Rover, en compagnie d’un car Volkswagen avec, bien sur l’auto-stoppeur anglais et comme tous étaient en train de prendre le café, je me joins à eux.

16h15, je démarre, les laissant sur place. Les 170 premiers kilomètres sont très bons mais les 170 autres sont très dangereux, car coupés par endroits par des mini-bancs de sable. Comme il fait nuit, je ne les aperçois qu’à la dernière seconde et par deux fois, j’ai failli me trouver à terre.

 20h00 Après que les anglais m’aient doublé, je m’arrête pour manger une boite de bœuf braisé qui m’avait l’air fort appétissant mais bien sûr mon butane tombe en panne pendant la cuisson et je mange froid. 24h30 j’arrive à El Golea où je m’installe à l’entrée de la ville.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 5176 Samedi 30 octobre 1971 : EL GOLEA – PLATEAU DU TADEMAIT (KDJ 141)

7h30 je me lève puis je vais à la poste ou je téléphone en PCV comme convenu mais il ne répond pas, du coup je vais à la sous préfecture pour demander l’autorisation nécessaire pour rejoindre Aïn-Salah qui dans un premier temps met refusé, en sortant je rencontre les allemands qui étaient avec les anglais hier : ils vont à la sous préfecture, je retourne avec eux. J’obtiens grâce à eux l’autorisation d’aller à In Salah ; ils se sont portés garants de m’accompagner.

12h30, je donne mes bagages aux anglais et aux allemands et je vais faire mon plein d’essence. 13h15, je pars seul devant eux. Les 63 premiers kilomètres c’est de l’asphalte puis c’est de la piste, pas trop mauvaise. J’arrive à rouler à 30-35 km/h ; eux par contre ne vont pas plus vite et parfois moins vite, il faut dire qu’ils on le plancher du combi rempli de cannettes de bière. 17h15, on s’arrête : révision des filtres à air. Ils sont déjà vraiment sales, sauf le mien. Pour l’instant je n’ai pas encore d’ennuis. Mes compagnons sont même assez étonnés que j’aille si vite et si bien. Après les révisions nous mangeons des sardines, du corned-beef chaud accompagné de patates. Après ça pour satisfaire l’envie des deux anglais, je leur prête ma Mobylette. Pendant ce temps l’anglaise fait mon portrait ; je trouve qu’elle dessine admirablement ou c’est moi qui suis formidable. Pour digérer, c’est la partie de football ; ça détend, ça fait du bien et surtout ça réchauffe car les nuits sont vraiment fraîches ! Jusqu’à maintenant il n’y a pas eu trop de sable et j’espère que cela va durer : le sol ici est plutôt caillouteux.

Après avoir fait la corvée d’essuyage de la vaisselle, nous sommes allés nous coucher : pour cette nuit j’ai dormi dans le Volkswagen.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

 

PK 5482 Dimanche 31 octobre 1971 : PLATEAU DU TADEMAIT – IN SALAH (KDJ 306)

5h00, le réveil sonne et à 5h30 on se décide à se lever. J’ai passé une très mauvaise nuit entre les deux allemands qui remuaient beaucoup.

7h00, je pars devant, la piste devient mauvaise mais par chance, les alentours sont très bons. Pour l’instant les voitures ne m’ont pas rattrapé. 11h30, les voitures sont derrière moi. Le Volkswagen passe très mal la tôle ondulée et ne roule pas à plus de 20-25 km/h. Un anglais me remplace au guidon tandis que je me restaure dans la Land-Rover. Quand je reprends la Mobylette, elle ne marche plus très bien. Je pensais que c’était le pot d’échappement mais après l’avoir démonté complètement, décrassé et remis, je m’aperçois que cela ne marche pas mieux. 30 km après, le cyclo reprend sa cadence normale. La piste devient de plus en plus dure pour moi car la fatigue joue beaucoup. Vers la fin du parcours on trouve le sable. 16h30, la Land-Rover s’est ensablée. C’est le début de la zone de sable : c’est très dur car il n’y a plus de piste et l’on se dirige en suivant les traces qui sont espacées sur un kilomètre de large. La Mobylette marche très mal dans le sable. Souvent je suis obligé de la pousser. Les quinze derniers kilomètres, à partir de l’aéroport, cela devient meilleur mais une forte tôle ondulée a remplacer le sable.

20h00, on arrive à In Salah. Je n’aurais pas pu faire un kilomètre de plus : mes bras sont tout endoloris par la tôle ondulée. Je crois bien que j’ai battu le record de vitesse sur « piste » avec une si petite cylindrée ! 306 km de piste considérée comme la plus mauvaise de la route El Golea Agadez ! En arrivant, on va voir le guide qui pourrait me faire traverser de Tam à Agadez. Avec le guide on trouve quatre français et un anglais auto-stoppeur dont trois rigolos : un type qui s’appelle Paul mais on la surnommé « l’aumônier » Un pharmacien et un ethnologue, puis un vagabond et un bizarre anglais. Cela a été pour moi une véritable détente de pouvoir plaisanter avec des français car je ne parlais pas beaucoup avec les anglais et les allemands.

 

PK 5482 Lundi 1er novembre 1971 : IN SALAH (KDJ 000)

A In Salah il n’y a pas d’essence : tout le monde est bloqué et aujourd’hui c’est le jour de l’indépendance. Un fort vent souffle et tout est envahi par le sable. Nous allons nous promener. La ville est vraiment très jolie avec ses murs en terre rouge comme en dentelle. En même temps l’  « aumônier » et moi allons acheter des provisions. L’après midi il n’y a toujours pas d’essence mais le bruit court qu’un camion citerne pour Tamanrasset est arrivé et que si le soir l’autre camion n’était pas là, il déverserait son plein dans les cuves d’In Salah.

En effet, le soir les cuves étaient pleines et les auto-stoppeurs repartaient avec le camion sur le coup de 20 heures. Je me retrouve de nouveau avec les anglais et les allemands qui doivent suivre le même convoi que moi de Tamanrasset à Agadez. Le soir on a eu la visite de l’instituteur qui nous a gentiment invités à retirer nos tentes avant 8h00 demain, car l’on se trouvait dans la cour de l’école !

PK 5482 Mardi 2 novembre 1971 : IN SALAH (KDJ 000)

7h30, je plie ma tente comme nous l’avait demandé le prof. Vers 8h15 les anglais et les allemands démarrent d’In Salah pour Tamanrasset. Après cela je vais à la Daria (sous préfecture) pour mon autorisation de voyage : elle m’est accordée sans difficulté.

Dans les oasis, il n’y a qu’un courrier par semaine. On me dit de repasser dans une heure car le courrier de cette semaine n’est pas fini de trier. En attendant, je vais à la Daria chercher le papier et de nouveau je retourne à la poste où je trouve une lettre et un paquet contenant des autocollants Moto Revue, des pellicules et des pellicules et des voitures en plastiques. Ne sachant quoi faire des voitures, j’ai voulu les distribuer à la poste, ce qui à provoqué des bagarres. Après ça je suis retourné à la Daria où j’avais garé la Mobylette. Je trouve un couple d’anglais qui veut bien transporter mes bagages jusqu’à Tamanrasset. Arrivent des suisses avec une Land-Rover et un car Volkswagen. Ils sont une dizaine, je les avais déjà vus à Alger.

Le bus Ghardaia - Tamarasset

Le bus Ghardaia - Tamarasset

 

PK 5696 Mercredi 3 novembre 1971 : IN SALAH – LE DESERT (KDJ 184)

7h30 je me réveille ainsi que les Suisses j’ai donné mes bagages aux anglais pour qu’ils me les déposes à la Daria de Tamanrasset. 8h00, je démarre avec un fort vent de sable ; la progression est lente. 8h45 je suis obligé de m’arrêter, le sable ayant coincé le variateur ; je n’ai malheureusement pas la clé pour l’ouvrir. 9h45, les anglais passent, je prends ma caisse à outils qui se trouvait avec eux mais, malheureusement, je n’ai pas de clé ! 9h30 un camion arrive, je décide de rentrer à In Salah avec lui, juste au moment où j’allais charger la Mobylette, les suisses arrivent avec la Land-Rover puis la Volkswagen ; ils me prêtent la clé nécessaire pour démonter le variateur et cinq minutes plus tard, l’opération est finie. Toutes les voitures repartent avec moi mais, par la suite je n’ai que des ennuis bien que le vent ait cessé de souffler. Le moteur s’arrête toutes les dix minutes : je pense que c’est dû à la forte chaleur. Sept fois j’ai démonté le carburateur, quatre fois le gicleur, trois fois j’ai nettoyé le filtre à air. Vers le coup de 11h00, alors que je commençais à avoir très soif. J’ai voulu prendre l’eau que j’avais mis dans le jerrican tout neuf (du moins que je croyais) mais celui-ci avait déjà servi pour mettre de l’huile et l’eau était vraiment imbuvable ! Toute la journée j’ai eu très soif et je crois que ce qui m’a donné le plus soif c’était de savoir que je n’avais pas d’eau. 18h15, enfin j’arrive à un puits mais je suis vite déçu ; l’eau se trouve à 15 mètres et je n’ai rien comme corde, à part un bout de ficelle de 3 mètres ! C’est assez énervant de voir de l’eau qui paraissait bonne et de ne pas pouvoir l’utiliser. 19 heures la nuit est tombée et enfin une voiture, une Renault équipée par la firme en bien piteux état. Je l’ai arrêtée. Deux jeunes français très sympathiques me donnent leurs gourdes. J’ai bu les trois litres que contenaient les deux gourdes presque d’un trait. Dieu que c’était bon !!!

Ces deux jeunes me donnerons aussi un jerrican contenant trois litres d’eau et me vendrons 7 litres d’essence car à force de démonter le carburateur. Les joints étaient morts. Je me payais une fuite monstre qui m’avait fait une consommation d’environ huit à dix litres d’essence dans la journée et bien sûr mon joint neuf se trouvait avec les anglais devant !!! 19h30, je repars : cette fois c’est le pot d’échappement qui pète et un bruit infernal vient troubler le silence du désert. 21h30, je m’arrête ou plutôt la Mobylette s’arrête ; je décide de faire le camp ici.

 

 

PK 5779 Jeudi 4 novembre 1971 : LE DESERT – OASIS ARAK (KDJ 113)

8h00, je démonte le carburateur et le nettoie. La Mobylette marche bien les dix premiers kilomètres puis cela recommence : une fois, deux fois, trois fois, dix fois, vingt fois dans la journée ; l’essence fuit toujours autant (dans la journée, j’ai consommé 8 litres). 11h00, a l’oasis de Tijmont, je trouve de la bonne eau et l’on m’offre des dattes : les meilleures que j’aie mangées jusqu’à maintenant. 17h00, j’arrive à l’oasis d’Arak qui se trouve être un camp militaire. C’est vraiment un endroit très beau : on se croirait au Far-West dans un canyon. Je décide d’y passer la nuit ; je trouve à manger chaud : de la viande séchée, des pates, du pain, de la sauce tomate le tout mélangé. Je me couche sur un air de flûte.

 

 

flûte.

PK 5852 Vendredi 5 novembre 1971 : ARAK – TAMANRASSET (KDJ 073)

7H00, je me lève, mais ne partirai qu’à 10h00 après avoir longuement réfléchi sur le problème ; est-ce que je continue ou est-ce que je prends un camion ? Je choisi de partir seul. Il ne me reste qu’une boîte de conserve pour deux jours.

11h00, les ennuis de carburateur recommencent. Je m’aperçois que mon jerrican d’essence fuit : celui-ci, qui était sur le porte bagage arrière, avec la tôle ondulée, s’est enfoncé et l’essence fuit à la soudure. Malheureusement, je n’ai plus que 2 litres d’essence. Avec les deux fuites d’essence je tombe en panne. Quatre heures après je suis ramassé par un camion ; j’ai voulu continuer mais le chauffeur n’as pas voulu me laisser partir avec mes fuites. Il me disait que si quelque chose m’arrivait, car il est fréquent de ne pas avoir une voiture pendant une semaine quand les pompes à essence sont vides, il serait responsable de moi. Dans le camion se trouvent deux français, André et Bernard. 18h00, on s’arrête pour manger après avoir tourné trois fois autour de la tombe du Marabout car, sinon il paraît que le camion tomberait en panne 500 mètres après. 20h00, la nuit est tombée, le froid s’installe sur la benne. Je commence à être malade avec le froid et les secousses ; pour remédier à cela, on déplace les sacs de dattes et l’on arrive à décoincer la porte de la voiture 4L qui se trouve dans la benne. 0h30, nous arrivons à Tamanrasset : il fait vraiment très froid, il est vrai que nous sommes en altitude. Je crois bien que je n’ai jamais eu si froid depuis que je suis parti de Paris.

 

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Du samedi 6 au 8 novembre 1971 : TAMANRASSET

Samedi 6 ; je retrouve l’ami Paul avec François et Thierry au camping de Tamanrasset. 10h00, on va au rendez-vous donné avec le chauffeur du convoi, puis c’est la routine habituelle. Je vais faire remplir mon autorisation de route.

Dimanche 7, lessive et douche.

Lundi 8, c’est le jour du départ pour Agadez ; on a rendez-vous avec le chauffeur à 9h00. 14h00, toujours personne ; je m’inquiète car c’est lui qui a mon argent. 14h15, enfin le voilà ! Je lui avais donné 250 frs pour le transport et environs 200 Fr pour acheter des pneus car on ne peut pas changer l’argent algérien en devises sans procuration de l’ambassade. 16h30, après avoir fait les dernières formalités de douane, on s’en va. Je me trouve sur la plateforme avec un des Suisses de la Land-Rover qui était trop chargée. A part la poussière on se trouve très bien. La route ne m’a pas paru trop mauvaise et le paysage est très beau.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Mardi 9 novembre 1971 : LE DESERT – IN GUEZZAM

8h00 on démarre, la route devient moins bonne. 16h00, on s’arrête pour visiter les grottes. Le français s’aperçoit qu’il a oublié des affaires à l’endroit où l’on avait mangé. 18h30, on arrive à In Guezzam. Là on s’aperçoit qu’un passeport a été oublié aussi. Une grosse engueulade commence ; je n’ai jamais vu des gars s’engueuler autant ! 23h00, le climat s’est détendu et demain, une voiture partira pour l’endroit présumé de la perte !

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Mercredi 10 novembre 1971 : IN GUEZZAM – ASSAMAKA

Il fait très chaud et aujourd’hui je suis de corvée de cuisine. Je prépare du riz au corned-beef et au ketchup. Le chauffeur revient juste quand on a fini le plat. Il à retrouvé les affaires et en plus mon blouson.

15h30, on démarre, je dois préciser que le camion n’a pas de démarreur et depuis le départ on pousse pour le faire partir !!! 16h30, on arrive à Assamaka. Sur les douze voitures qui étaient au départ, il n’y a plus qu’une 2cv et une Diane ; la porche tout terrain et deux Volkswagen sont en panne et les autres nous ont lâchés devant. A Assamaka il y a la piscine ou du moins deux abreuvoirs avec l’eau chaude ; c’est de l’eau ferrugineuse. Après avoir mangé le couscous, on va se coucher.

Femmes Touareg au puit

Femmes Touareg au puit

Jeudi 11 novembre 1971 : ASSAMAKA – TEGGUIADA IN TESSOUM

Rien de particulier dans cette journée, à part un changement de paysage : il commence à y avoir des buissons puis des arbres. La piste est très mauvaise.

12h00, on s’arrête à un puits pour manger. 16h00, on a perdu la piste, on revient sur nos pas et on la retrouve : c’est là que je vois les deux premières gazelles. 21h00, on arrive à Tegguiada in Tessoum.

Photos Google Earth
Photos Google Earth

Photos Google Earth

Vendredi 12 novembre 1971 : TEGGUIADA IN TESSOUM – AGADEZ

6H00, tout le monde est debout ; visite de la saline. 8h00 on démarre. 10h30, on rencontre les allemands avec la Diane qui est en panne. 11h30, j’ai la dysenterie : jusqu’à Agadez on s’arrêtera toutes les dix minutes pour que j’aille ch… ; c’est très pénible ! On arrive à 14h00 à Agadez. Premier contact avec le Niger ; tout est très cher, l’essence, le pain, sauf la viande. Sur mon argent je réussis à récupérer 50 Fr !

Du samedi 13 au mercredi 17 novembre 1971 : AGADEZ

Agadez est une jolie ville où l’on trouve de tout.

Samedi : 8h30, je vais au dispensaire faire soigner ma dysenterie, puis à la poste où j’attends une lettre.

Les autres jours : rien de spécial. Je loge à la Maison des Jeunes. J’ai bien failli acheter une énorme tortue de 12 kg. Le chauffeur est reparti sans m’avoir rendu la somme d’argent qu’il me devait ; il a pris l’avion pour Dosso. Tous les jours j’essaie d’avoir Paris : impossible ! Je vais voir la giraffe du zoo.

Mercredi 17 : Je n’ai plus d’argent et il n’y a rien au courrier : je vais revendre un pneu et quelques chambres à air ainsi que des pièces détachées qui me semblent inutiles. Ce matin est arrivé avec la Puch le couple lui autrichien et elle française que j’avais rencontré à El Golea. On va partir ce soir pour Tahoua.

PK 5892 Mercredi 17 novembre 1971 : AGADEZ – 40 KM APRES AGADEZ

Départ le soir après la tombée de la nuit avec le couple en Puch 50 cc 3 vitesses. Le début de la piste n’est pas trop mauvais mais notre éclairage est faible. Nous avons fait une chasse à la gerboise avec nos lumières : dès qu’une gerboise se trouvait au milieu de la route attirée par nos phares, l’un s’arrêtait en l’éclairant : la gerboise éblouie, s’immobilisait et l’autre allait la prendre par derrière. Nous en avons attrapé quatre. Comme je le disais la piste n’est pas trop mauvaise mais entrecoupée par des bancs de sable et le couple est tombé quatre fois. Vers 23h00 nous nous sommes arrêtés et couché après avoir mangé des pates.

PK 6014 Jeudi 18 novembre 1971 : EN BROUSSE – IN GALL

Nous partons le matin de bonne heure et la piste devient de plus en plus mauvaise à cause du sable. Vers 10h00, Franz, à cause du sable casse ses segments. On change le moteur car, en voulant rentrer le piston dans le cylindre, celui-ci l’a cassé. 14h00, on repart : je crois bien que c’est la pire piste que j’aie faite depuis que je suis parti. Aujourd’hui je fais à mon tour quatre chutes, dont une où je me brûle la jambe avec le restant du pot d’échappement. Eux aujourd’hui ont fait trois chutes. On arrive à In Gall à 19h00 ; j’ai souvent poussé ma Mobylette, eux non car ils ont l’avantage du changement de vitesse. On mange de la bouillie de mil et l’on va se coucher.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 6101 Vendredi 19 novembre 1971 : IN GALL – UN VILLAGE EN BROUSSE

Départ d’In Gall le matin de bonne heure. Toujours une piste très dure avec du sable. La progression est encore plus lente qu’hier : 87 km pour une pleine journée, ce n’est pas énorme ! Frantz crève ; moi je dois dire que j’ai de la chance : depuis Paris je n’ai pas crevé une fois et mes pneus (Ceat) sont encore en bon état, à part le pneu arrière qui tend à s’user fortement car le porte-bagages touche au moindre cahot. Ma brûlure commence à empirer et elle pue. Les chutes sont de plus en plus fréquentes, ce qui se concilie mal avec la plaie. 20h00, on est vraiment fatigués de ces deux premiers jours de route et on va rester au village une journée.

Samedi 20 novembre 1971 : LE VILLAGE

Le village n’est pas grand. C’est le rendez-vous des Peuhls et des commerçants. Ont y trouve du lait, du yaourt, des arachides, des poulets. L’après midi, nous sommes partis à la chasse ; j’ai vu beaucoup d’oiseaux et j’ai failli attraper un écureuil. Le soir alors que nous sommes autour du feu, un énorme serpent de près de 2 mètres rampe vers nous, branle bas de combat, les villageois le tue, il parait qu’il n’est pas dangereux, il servira pour un prochain repas des villageois.

Dimanche 21 novembre 1971 : LE VILLAGE – 60 KM AVANT TAHOUA

Le matin on part vers les 10h00. A notre grande surprise la piste devient très bonne et nous permet de rouler à fond. Le soir on arrive à un lac où l’on s’arrête pour bivouaquer. Tout s’est bien passé.

PK 6416 Lundi 22 novembre 1971 : AVANT TAHOUA – APRES TAHOUA

Le matin nous avons fait le tour du lac : il y avait encore beaucoup d’oiseaux, des pélicans, des oies, des canards, des échassiers et de très beaux papillons. Nous sommes partis vers 11h00. A Tahoua on a mangé les premières cannes à sucre : c’est vraiment très bon. Après avoir été à la police nous sommes repartis pour nous arrêter 73 km après, où nous avons fait le camp.

PK 6515 Mardi 23 novembre 1971 : APRES TAHOUA – BIRNI N’KONNI

Départ le matin. On ne roule pas très vite à cause de la forte tôle ondulée. A 15h00 on arrive à 14 km de Birni où on trouve un étang. On s’arrête et on commence à pêcher : on attrape quelques silures (sorte de poisson-chat). On les mangera à Birni où nous arrivons à 18h00.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 6805 Vendredi 26 novembre 1971 : BIRNI N’KONNI – DOGONDOUTCHI

Départ le matin à 11h00, débarrassé de mes ennuis financiers et d’équipier. Ennuis vite remplacés par celui de mon porte bagages qui frotte de plus en plus dans les secousses : la piste est mauvaise mais large, la tôle ondulée est espacées, remplacée par le sable par endroits. J’ai le plaisir de voir un groupe d’une quinzaine de pintades sauvages au milieu de la route ; elles s’écartent à peine à mon passage. La perspective d’un bon repas me vaut une chute due au sable, et pas de pintade !... Je trouverai d’ailleurs un steak frites ; le steak 100 Fr CFA, les frites 250 Fr CFA ! (100 Fr CFA = 2 NF). J’ai pensé rouler encore un peu mais il faisait froid. Je couche au clair de lune.

PK 6905 Samedi 27 novembre 1971 : DOGONDOUTCHI – DOSSO

Je ferai bien la grasse matinée mais la poste de Dosso ferme à 12h00. Aussi j’enfourche à 7h00 pile. Arrêt café à Koremairwa (je tiens à préciser que l’eau du café, c’est du thé !). Là je fais la connaissance d’un Musulman qui me fait un cadeau que je ne peu refuser de peur de le vexer, quoique ce cadeau me paraît fort embarrassant (surtout dans un raid en cyclo) car c’est un épervier ! Ou peut-être un aigle ? Bah… l’oiseau est jeune et joli et, derechef, je le place à l’avant de la Mobylette. Je n’ose pas trop m’en approcher car malgré sa petite taille, il possède des griffes et, de plus un bec très pointu ! Il ne mord d’ailleurs pas mais pour ce qui est des griffes, il n’hésite pas à rentrer dans la chair… Après être sorti du village je m’arrête pour choisir une belle branche pour l’oiseau. C’est alors que j’entends un bruit qui m’est familier : celui du Puch qui se trouve derrière. Elle s’arrête, on se dit quelques mots, puis elle repart ; je les double 10km plus loin alors qu’ils s’étaient arrêtée dans un petit village. A midi moins le quart j’arrive à Dosso où, à la poste, je trouve un nombreux courrier, ce qui me fait très plaisir. Ensuite je me dirige au où M. Henquin (le guide qui me doit de l’argent) gare son autocar. Mais malheureusement ils ont quitté le matin, lui et son chauffeur Hamed ; par contre je me vois réclamer par un gardien qui se trouve là le salaire que le père Henquin a oublié de lui donner ; je trouve un restaurant où le fameux gardien vient me voir au café. Il prend un jus de fruit qu’il oublie de payer… à son tour ! C’est fou ce que la mémoire manque aujourd’hui ; très gentil d’ailleurs il me demande si je veux manger le couscous avec lui. J’accepte volontiers mais il me demande 300 Fr CFA pour acheter de quoi le faire ; je traiterai à 150 Fr CFA… A 23h00 on se couchera dans un autocar qui est envahi par les moustiques !

PK 6905 Dimanche 28 novembre 1971 : DOSSO

Journée de repos à l’hôtel avec piscine. J’apprécie.

PK 7065 Lundi 29 novembre 1971 : DOSSO – NIAMEY

8H00, départ. La route me semble merveilleuse. J’ai du goudron jusqu'à Niamey. Je me suis débarrassé de la moitié de mes affaires à Dosso ; je les reprendrai en revenant. Je suis arrivé à 13h00 après avoir roulé presque sans arrêt. Je vais casser une croûte chez Hamed, un restaurant pas cher. Là, je fais la connaissance d’un africain à qui je pose la fameuse question : « vous ne savez pas où il y a un hôtel pour 300 Fr CFA ? » Réponse « il n’y a pas à moins de 800 Fr mais si vous voulez, je peux vous loger chez moi ». Aussitôt dit, aussitôt fait. L’après-midi à 14h30, poste restante, téléphone, courrier de maman. J’attends la communication en PVC sur la Suisse. A 17h30, on m’annonce que la radio est en panne. Je crie un peu et voilà qu’elle remarche. Maintenant, j’ai le standard de Suisse. « Allo, les PVC entre le Niger et la Suisse ne sont pas autorisés ! » Je fais scandale à la poste et m’en vais furieux. Je reviens sur mes pas pour demander le prix des communications téléphoniques et là, je ne sais pas pourquoi, on me dit que j’ai mon correspondant en ligne. « Allo papa, allo maman… va voir Monsieur Bourda. Au revoir ». Et me voilà parti chez Monsieur Bourda, un monsieur (avec une dame) très charmant. Je prends une douche et nous allons au restaurant. A 23h00 je vais au cinéma Rex chercher mon nouvel ami et Dodo.

PK 7065 Mardi 30 novembre 1971 : NIAMEY

Journée très chargée. Je cherche mon ami Paul avec qui j’avais traversé le Sahara de Tamanrasset à Agadez. Introuvable. A midi je mange avec Monsieur Bourda un gigot chez lui. Le soir, je vais réparer le pot d’échappement par la société Serein aux frais de madame Bourda. Puis je vais voir au cinéma en plein air le « Rex » un western.

PK 7267 Mercredi 1er décembre 1971 : NIAMEY – TILLABERY

Le matin je pars à 6h30 pour Tillabéry où je tiens absolument à aller voir les girafes. J’arrive à 16h00 à Tillabéry : mon porte-bagages touche entièrement le pneu. Je n’ai toujours pas vu de girafes. Je vais boire un coup et je mange une croûte. A 20h00, je reprends la route pour environ 20 Km et je fais mon camp.

PK 7267 Jeudi 2 décembre 1971 : TILLABERY

Le réveil s’effectue au lever du jour. Je remballe tout et je démarre.

A peine ai-je fait 300 mètres que les girafes sont là, au milieu de la route, en train de traverser. C’est formidable, ces bêtes que l’on peut approcher à 20 mètres. Je les ai suivies un moment en Mobylette dans la brousse pendant environ une heure dans leurs pas lents et leurs arrêts fréquents. Après cela, j’ai repris la route pour essayer d’en voir d’autres. Rien à faire. J’ai fait demi-tour. Me voici à Tillabéry où j’écris mon courrier. Le soir je repars en direction de Niamey. A 5 Km de Tillabéry, je tombe sur un troupeau de girafes. Elles sont 8. Il fait nuit et le clair de lune me donne un très beau spectacle d’ombres chinoises.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

PK 7450 Vendredi 3 décembre 1971 : TILLABERY – NIAMEY

Aujourd’hui, je me lève à l’aube pour essayer de voir les girafes. A 8h00, je prends mon petit déjeuner dans un village. 15h00 j’arrive à Niamey où je retrouve mon ami chez qui je loge. Puis je vais voir Monsieur Bourda et je fonce à la poste où je rencontre un gars du convoi et le type à bicyclette qui a vendu son « biclou » 2000 Fr plus cher qu’il ne l’avait acheté. Il m’annonce que l’ami Paul s’en va demain pour Tombouctou. Je fais tout pour le retrouver mais rien. Les Bourda insistent pour me donner 1000 Fr pour aller manger. Je finis par les accepter.

PK 7639 Samedi 4 et dimanche 5 décembre 1971 : NIAMEY – DOSSO

Départ vers 12h00 après avoir ressoudé mon porte-bagages arrière chez Monsieur Bourda. La route se passe bien. J’arrive à la tombée de la nuit après avoir fait quelques détours en brousse. Je me sens mieux avec mon porte-bagages ressoudé. Je mange à l’hôtel et je vais me coucher.

Je passe mon dimanche à Dosso.

PK 7669 Lundi 6 décembre 1971 : DOSSO – 30 KM APRES DOSSO

Après avoir passé la matinée à la piscine en attendant le courrier Je prépare mes affaires pour partir après. 16h00, le courrier est là, rien pour moi. Je donne deux ou trois tours de pédales et nous voilà partis (moi et la Mobylette) il est 17h00. Le moral est excellent car j’amorce la grande descente vers l’océan, Je rêve de longues siestes sur les plages ensoleillées et de baignades sans limites, sans oublier les loisirs de la pêche, mon sport favori car pas trop fatiguant. Rêve qui 30 kilomètres plus bas s’éclipse pour faire place à ma clé à bougie qui, sans doute dans l’empressement fait sauter le pas de vis de la culasse. Et comme Perrette je dis, au moins pour aujourd’hui, adieu partie de pêche, baignade sans fin, sieste sans réveil. Rien à faire pour démarrer ou, plutôt, dépanner. Je m’assieds au bord de la route faisant du stop si l’on peu dire, car le nombre des passages n’excède pas un véhicule toutes les 3 heures, et j’attends. 20h00. Une voiture passe. Je la fais arrêter croyant que c’était une camionnette. 21h00, un camion arrive et me propose de m’emmener pour 1500 FCFA. Pour 30 km c’est trop cher. Je refuse. Il repart. 23h00 je me couche.

Mardi 7 décembre 1971 : EN BROUSSE – DOSSO

7h00 heures. Je me lève, réveillé par la chaleur. Je range mon bordel et attends. L’envie de fumer puis de boire se fait sentir, surtout la vue de mon paquet de cigarette vide étalé par terre et de mon jerrican d’eau super léger. 8h30 : Hourra ! un camion à l’horizon. Déception ! Celui-ci s’arrête à 800 mètres de là, en panne. Peu importe il doit avoir de l’eau. Je parcours les 800 mètres qui me paraissaient interminables à cause de la chaleur et je me rafraîchis. De nouveau un espoir : un autre camion à l’horizon. Il s’arrête à mon appel, malheureusement c’est un camion citerne qui ne peut pas prendre ma Mobylette. En attendant il me fait parcourir les 800 mètres qui me séparent de Lilipuce. 10 heures une Mobylette arrive : son conducteur, mis au courant par le camion citerne est venu avec 40.000 Fr CFA pour m’acheter l’engin. 5 minutes après, ce sont les gendarmes en Land-Rover, qui passent voir le camion en panne et qui me récupèrent, moi et Lilipuce. Arrivé de nouveau à Dosso, quelques Coca-colas me rafraîchissent (cinq) après quoi je file à la ville essayé de trouver une culasse. Après avoir fait trois fois le tour des marchands, je me résigne à télégraphier à Paris.

Mercredi 8 décembre 1971 : DOSSO

La journée s’est passée à la piscine et la soirée au dispensaire pour soigner ma dysenterie amibienne.

Jeudi 9 décembre 1971 : DOSSO

Même journée qu’hier. On me fait ma première piqûre : j’en ai 11 à faire et le produit fait mal.

Vendredi 10 décembre 1971 : DOSSO

2ème piqûre : cela fatigue.

Samedi 11 décembre 1971 : DOSSO

9 heures. Je me lève difficilement, mais l’espoir que la culasse arrive m’aide. En effet à 11 heures les pièces sont là : culasse et carburateur. L’après midi je la passe le nez dans le moteur et le soir ça tourne ! Le moral revient, que le « aïe » de ma troisième piqûre me fit perdre quelques instants.

Dimanche 12 décembre 1971 : DOSSO

Dimanche, jour du seigneur. La curiosité, plus que la croyance en ma religion, me fait aller à la messe. Je signale que la messe n’a lieu qu’une fois par mois (le dernier dimanche du mois) et que le nombre des catholiques pratiquants dans la région est de 5 européens et 7 africains pour 20.000 personnes ! La messe se passe dans un hangar et debout du début à la fin. Le soir je vais manger avec l’instituteur, un canadien assez sympa.

PK 7973 Lundi 13 décembre 1971 : DOSSO - KANDI

7h00, je suis debout, réveillé par Mammouth comme je lui avais demandé. Je termine de monter les pièces à 9h30. Je suis prêt. Je vais prendre mon petit déjeuner puis je vais à la poste pour faire suivre l’éventuel courrier qui pourrait arhriver. 10h05, enfin c’est le départ. Cela fait du bien de savoir que l’on part. La route est très bonne jusqu’à la frontière. La végétation devient plus dense. A 50 Km de Dosso j’ai vu un énorme serpent qui devait bien faire 1,70 mètre de long et par endroit, était gros comme un mollet. 16h00, je suis à la frontière du Dahomey (actuellement Benin) où je rencontre un couple de Français en stop (très sympathique). Je reste une heure à me reposer et à discuter avec eux. J’en profite pour faire des provisions. La route devient mauvaise et je fais un véritable slalom pour éviter les énormes trous qui se trouvent sur la route. 22h30, j’arrive à Kandi où je vais dormir dans un campement pour 300 Fr. Il y a la douche et un lit.

PK 8268 Marddi 14 décembre 1971 : KANDI – TCHAOURO

8h00, je me lève, prends mon petit déjeuner et fais mon journal. 9h00, je vais à la poste pour envoyer une carte-lettre, 10h00, je démarre après avoir fait le plein d’essence. 14h00, au bord de la route il y a un feu de brousse. J’ai bien cru que je ne passerais pas à cause de la fumée et de la chaleur. J’ai failli ne pas y arriver car je ne voyais pas le fond de mon réservoir depuis un bon bout de temps. Après avoir fait le plein, je vais à la poste. On ne sait jamais ! je repars, mais pas tranquille car mon pneu arrière est au bout du rouleau. La piste recommence maintenant. 19h30, j’arrive dans un grand où on m’avait dit qu’il y avait un hôtel mais celui-ci est fermé depuis 12 ans ! Alors, on m’envoie chez le curé, qui ne voit pas mon arrivée d’un bon œil. Du moins il me le fait comprendre. Je décidai donc de ne pas le déranger et ayant prétexté que je n’avais pas mangé, je suis reparti. A 20h30, je me suis arrêté en pleine brousse à une vingtaine de km de la ville où j’ai planté la tente.

PK 8370 mercredi 15 décembre 1971 : TCHAOURO – SAVE

9h00 départ. Mon compteur est cassé, du moins les pattes qui se trouvent sur la roue. La route est très mauvaise et je ne suis pas en forme. 11h30, à 35 km de Save, il y a des marchands d’ananas et de bananes. Je m’arrête et j’achète 4 bananes, un énorme ananas. Le prix est de 10 Fr les 4 bananes et de 50 Fr l’ananas (le gros). 13h00, j’arrive à Save. Je vais au campement où je mange 2 œufs au plat. J’ai toujours très mal à la tête. Puis, je vais me coucher. Le temps est maintenant très brumeux. J’ai pris deux aspirines avant de me coucher. A 18h00, quand je me suis levé, ça allait mieux mais je transpirais beaucoup (après coup je pense que c’était mes premières fièvres dû au paludisme) : j’avais froid. 20h00, je prends mon petit déjeuner complet ; c’est le moins cher et le plus nourrissant. 24h00 après avoir projeté certaines choses sur mon voyage et sur ma date de retour que je fixe au plus tard pour le 6 juin à cause de l’expiration de mon passeport (je vois que je serai de retour juste pour l’ouverture de la pêche ; ce sera une bonne chose), je vais me coucher.

 

Jeudi 16 décembre 1971 : SAVE

J’ai toujours de la fièvre et je reste à Savé. Je prends 4 comprimés de quinine.

PK 8584 Vendredi 17 décembre 1971 : SAVE – ALLADA

8h00, je me lève réveiller par le poste de radio. Je prends mon petit déjeuner et fais les comptes ; il me reste 800 Fr CFA pour arriver à Cotonou. La piste devient moins mauvaise et on trouve du goudron à 140 Km de Cotonou. A Allada, je rencontre les français qui faisaient de l’auto-stop. Ils couchent chez les curés. Un géologue noir se propose de me loger dans son repère. C’est un homme des plus aimables et des plus étonnants que j’aie rencontrés actuellement.

« En 1973 je le rencontrerai par hasard a Paris au comptoir d’air Algérie ou je et il venait retirer lui un billet pour New-York et moi pour Alger »

 

 PK 8748 Samedi 18 décembre 1971 : ALLADA – COTONOU – LOME

Un petit déjeuner comme je n’en avais jamais pris : café au lait ou chocolat, beurre, confiture, pain grillé, saucisson, œuf sur le plat. Me voilà paré jusqu'à  ce soir. Après avoir dit au revoir au couple qui avait partagé, avec un large sourire, ce petit déjeuner (le mot me parait bien faible), au père et à l’ethnologue Monsieur Guerin Montilus (qui me donna un important courrier à poster à Cotonou) je les ai quittés avec le regret de ne pas rester une journée de plus avec eux dans ce paradis, mais je ne dois pas confondre user et abuser car d’autres passeront après moi. Vers 10 heures je suis à Cotonou. Direction la poste d’où comme convenu je téléphone. Coup de fil qui m’apprendra la naissance de ma nièce Maëva. Tout va bien à la maison et je reprends la route pour Lomé, étape financière. C’est pourquoi je ne reste pas à Cotonou car, si mes calculs sont exacts, je n’ai plus que 110 Fr CFA et 5 litres d’essence, mais remarquez que la distance séparant les deux capitales n’est que de 127 kilomètres. Je dois dire qu’en ces lieux le soleil se fait plutôt rare et l’humidité est étouffante. A 16h00 je passe la frontière et vers Anecho, je m’arrête à proximité d’une cité lacustre. C’est assez marrant mais je n’aimerais pas y vivre, de peur qu’en sortant d’une maison je me retrouve dans l’eau, oubliant que les rues sont matière liquide. Vers 18h30 après avoir repris la route, j’arrive à Lomé. Je dois dire que je suis un peu perdu dans cette grande ville. Je demande un hôtel pas cher. On m’indique un, le moins cher : 1000 Fr CFA. Pour une fois tant pis (pourvu que mon mandat soit là lundi !)

Dimanche 19 décembre 1971 : LOME

Dans la revue il n’y à rien de noté, je vais essayer de me souvenir après 48 ans.

Je me revois arriver à un hôtel sur le bord de mer, mes moyens ne me permette pas d’y loger plus d’une nuit, au bar je rencontre Georges il habite et travail au Togo, je lui demande s’il connaît un endroit pas chère ou je pourrai dormir, il me propose son garage, cela fera l’affaire.

Lundi 20 décembre 1971 : LOME

Ça y est ! Le mandat est là. Pendant que j’étais à la poste j’ai rencontré le couple de français, ils cherchent un boulot. Georges habite une très belle maison situé le long de la frontière du Ghana. C’est très chouette car le matin il traverse la rue et va acheter son pain au Ghana (temps mis pour chercher le pain, 15 secondes pour la traverser, 15 seconde pour payer, 15 secondes pour revenir et c’est du pain anglais), l’après midi il m’emmène faire des photos pour le visa et on visite la ville.

Mardi 21 décembre 1971 : LOME

Je récupère mes photos et je les portes à l’ambassade pour ma demande de visa. Je dois repasser mercredi à 13 heures. L’après midi se passe à la plage selon mes rêves de Dosso, mais la barre limite mon rayon d’action.

Mercredi 22 décembre 1971 : LOME

Georges (mon hôte) part ce matin pour Abidjan. Il me donne une preuve de confiance en me laissant les clés de la maison. Par politesse, je ne m’en servirai pas et logerai dans le garage. 13 heures je vais chercher mon visa, on ne me l’accorde que pour 4 jours et à partir de demain (je suppose qu’ils prévoyaient le coup d’état qui a eu lieu juste après mon passage)

PK 8948 Jeudi 23 Décembre 1971 : LOME – ACCRA

Départ le matin à 6 heures. Je passe la frontière et me mets à rouler sur la gauche pour faire comme tout le monde. Lilipuce me fait quelques problèmes au démarrage, sans doute mon avance d’allumage est déréglée. Vers 15 heures j’arrive à Accra. Direction la poste où deux lettres m’attendent. Chose curieuse on ne paie pas pour avoir ses lettres au Ghana ; tant mieux pour mon portefeuille si peu garni. Accra m’apparaît comme une des villes les plus africaines que j’ai rencontrées jusqu’à maintenant, mais mon visa ne me permet pas de m’y attarder. Cependant je passe la nuit chez un pompiste du Dahomey qui résout tous mes problèmes de traduction. Vers 22 heures nous sommes couchés, réveillés une heure plus tard par une folle souris qui vient manger mon pullover et ma natte. Elle me tiendra compagnie toute la nuit.

Vendredi 24 décembre 1971 : ACCRA – EN BROUSSE

Après un réveil dont je me serais bien passé, je me suis fait accompagné jusqu’à la sortie de la ville par mon ami qui possède une Honda 175 cm3 que l’on ne trouve pas en France. 10 minutes après l’avoir quitté je suis arrêté par un contrôle militaire. 20 minutes après ce contrôle, un autre, 10 minutes après un troisième et ceci jusqu'à 7 contrôles pour 250 kms. Il doit se passer quelques choses d’anormal (le coup d’état du Ghana eut lieu peu après). La journée s’est passée comme ça. Cependant que la pluie commençait à tomber dans la soirée. Je décide de dormir sous la tente car mon anglais perfectionné ne me permet pas de me faire comprendre. L’endroit pour planter la tente n’est pas facile à trouver à cause de la végétation très dense en cet endroit humide. Un terrain de football fera l’affaire.

Samedi 25 décembre 1971 : EJISU – GOASO

Le matin, alors que j’avais rangé mes affaires, j’ai eu la bonne surprise en démarrant ma Mobylette de constater que celle-ci n’avançait plus en marche avant mais seulement en marche arrière. Mes injures ne changèrent rien à l’affaire et après de multiples essais, je me suis décidé à ouvrir mon catalogue réparations que m’avait gentiment offert la maison Motoconfort. Après une heure de réflexion j’en conclus que c’était l’avance qui devait être mal réglée ou réglé à l’envers. J’obtins un résultat qui, s’il n’était pas excellent, me permettait au moins de repartir en avant. Ouf ! J’avais peur que ma bécane ne veuille rentrer à Paris qu’en marche arrière ! Vers 20 heures j’arrive à Goaso où j’ai la bonne surprise en prenant de l’essence chez BP, de m’apercevoir que le pompiste est du Dahomey comme à Accra. Il me trouve une chambre à 200 FCFA (1 Fr) Il me met entre les mains d’un de ses amis pour aller dîner, mais celui-ci ne parle pas français, néanmoins la soirée se passe très bien avec des gestes. Au fait, joyeux Noël ! J’avais complètement oublié ! Ici il fait tellement chaud qu’on n’y pense pas.

Dimanche 26 décembre 1971 : GOASO – ABENGOUROU

Une route de toute beauté ou plutôt une piste car le bitume s’arrête à Goaso, mais qui ne manque pas de difficultés, rigoles, trous etc. Elle vaut la peine d’être faite car c’est vraiment la forêt vierge au sens propre du mot. Deux biches cochons me le prouvèrent. L’état sauvage de ces lieux firent que je ne rencontrai qu’une Honda jusqu’à Dormaa. Après ce fut la frontière, pas de problème du côté Ghana mais plus du côté Ivoirien. Toutes sortes de papier me furent demandées, permis de conduire, car en Côte-d’Ivoire il le faut pour les Mobylette, caution, assurance, vignette, casque, etc. Pour ma part il m’en manquait beaucoup et après une heure de palabre, le feu vert m’état donné. « Bonjour Côte-d’Ivoire, but de mon voyage », et le goudron, un goudron sans bavure qui doit m’amener demain à Abidjan. En attendant, je pousse jusqu’à Abengourou. Là je décide de faire une folie et je descends à l’hôtel, mais pas n’importe lequel, l’addition m’en apportera la preuve, chambre climatisée avec douche WC, 3000 FCFA, repas 1500 FCFA, petit déjeuner 350 FCFA, + service, 150 FCFA, total 5000 FCFA. C’est Noël ! et puis il faut que je sois propre pour arriver.

Lundi 27 décembre 1971 : ABENGOUROU – ABIDJAN

A 8 heures la sonnerie du téléphone me réveil comme je l’avais demandé au réceptionniste. Heureusement d’ailleurs, car je crois bien que le lendemain matin j’aurais encore été au lit ! Ma soif d’arriver ce soir au but me fit me dépêcher. Si je fais mes calculs, il me reste encore 1000 FCFA après avoir payé l’hôtel. Peu importe, ce soir je n’aurais plus de soucis ! La route est large, la circulation très dense plus je me rapproche d’Abidjan pour ensuite faire place à de gros bouchons dans la banlieue. Puis soudain sur la gauche, la tour de l’hôtel Ivoire annonçant que j’étais arrivé. En face du pont, je m’arrête, c’est la poste. Je prends mon courrier et téléphone à mes amis Berthier puis vais chez eux. Je les trouve désolés car ils ont de la famille chez eux et ne peuvent me loger. Ils décident de me confier à leurs amis et voisin les « Lara ». Comme le monde est petit ! Ces voisins je les connaissais ; je les avais rencontrés dans le Jura alors que je revenais de Suisse en stop (ma Mobylette était en panne). Nous nous dîmes bonjour et de longs commentaires suivirent ce fait du hasard.

Du 28 décembre 1971 au 21 janvier 1972 : ABIDJAN

La ville d’Abidjan m’offre plein de chose, je suis pris en charge par la société Abile-Gal et M. Berges, concessionnaire Motobécane. Nous allons faire une interviewe au journal Fraternité Matin, Je passe à la télévision 2 fois pour ¼ d’heure et ¾ d’heures. Suite à ça je rencontre un Français Jean-Paul Nollet qui aimerait bien faire le voyage de retour avec moi. C’est bien cela me fera de la compagnie. Je suis également invité à une partie de pêche à Grand Lahou ou nous prendrons du Barracuda. Le nouvel an ce fait chez les Berthier avec feux d’artifice et la chaleur. Après quatre semaines je me prépare avec Jean Paul à partir et remercie la famille Lara et Berthier pour leurs accueils.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

 

Samedi 22 janvier 1972 : ABIDJAN – GRAND LAHOU

En ce samedi 22 la journée s’annonce belle, il est 6h00 quand nous nous levons, Jean Paul lui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, nerveux et anxieux de ce long voyage que nous allions effectuer ensemble. Il a la même nervosité que moi le jour de mon départ de Paris. Vers 6h45 nous avons finis de ranger nos affaires et allons prendre notre petit-déjeuner. A 8h00 nous retournons sur le lieu qui est celui de notre départ. Un photographe et beaucoup de curieux était venus à notre départ. Nos compteurs indiquent 115 pour Jean-Paul et 8430 pour moi. 8h30, top départ. Nous nous arrêtons un peu plus loin pour jeté un dernier regard sur Abidjan et l’hôtel Ivoire, magnifique réalisation, trop moderne à mon gout pour être africain. A 9h00 nous faisons nos pleins à une station BP et après avoir roulé deux bonnes heures sur le bitume nous entamons nos premiers kilomètres de piste. Pour Jean Paul se fut dur par manque d’expérience, il n’était pratiquement jamais monté sur une Mobylette. La piste dés le début est sablonneuse, se qui lui valut ça première chute et 5 minutes après sa seconde chutes. Conclusion qui va piano va sano. Vers 16h00 nous passons le premier bac, nous en avons deux à prendre. Le premier bac passé Jean-Paul pour la première fois crève, je lui réparerais afin qu’il soit capable de le faire la prochaine fois. 19 kilomètres nous sépare du deuxième bac, Jean-Paul apprécie mal et 2 chutes vinrent lui tordre son porte bagage avant, mais le moral reste au beau.

Arrivé au bac que nous venions de manquer, un vieux arrive en poussant sa Mobylette dont le pneu avant est crevé. Il vient vers nous pour nous emprunter notre pompe, 10 minutes après le pneu était toujours à plat, il était crevé. C’est alors que nous nous sommes proposé de lui réparer, une heure après c’est chose faite. Réparation qui n’avait servit à rien puisqu’après nous avoir dit merci celui-ci parti toujours en poussant sa mobylette. Après le deuxième bac nous arrivons à Grand-Lahou, nous sommes allés nous ravitailler à la chaine Avion, sorte de Carrefour africain. Après quoi nous nous installons à la plage. Partie de pêche qui ne donne rien.

 

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Dimanche 23 janvier 1972 : Grand-Lahou

A quatre heures j’étais debout pour ma partie de pêche, qui ne donne rien, quelques bébés mérou. Petit déjeuner au campement pour 700  FCFA pour deux. Sieste et pêche jusqu’à 17 heures et ensuite petite révision, dodo vers 21h00

La suite n’est pas écrite, je vais résumer d’après mes souvenirs, nous avons repris la route du lundi direction Sassandra en plusieurs étapes, la police verbalise Jean-Paul pour défaut de lumière à l’avant.  Nous atteindrons San Pedro quelques jours plus tard et sommes invités dans une exploitation forestière par des français. Nous remontons ensuite vers Man en longeant la frontière du Libéria. En chemin nous bivouaquons en forêt et là un noir parlants très bien le français vient me voir, « Bonjour, comment vas-tu, ça fait longtemps que je ne t’ai vu » j’ai beau dévisager l’individu aucun souvenir de lui ne me revient, « nous nous connaissons ? »  « Bien sur nous avons été à l’école ensemble » « mais dans quelle école ? » « Celle des gardes forestiers » « désolé mais je n’ai jamais mis les pieds à l’école des gardes forestier » « ha bon ! » du coup rassuré il siffle et nous voyons des gens sortir de la forêt avec un éléphant découpé sur leurs têtes. Nous échangerons nos machettes et ils nous donnerons un morceau de ce pauvre éléphant, que nous ne mangerons pas à cause de l’odeur très très forte. Après Man nous remontons vers le Mali, Jean-Paul pense revendre ça Mobylette pour rentrer en stop en France. Ce sera chose faite à Bougouni au Mali, nous nous séparons bon ami et l’on se reverra à Tours.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Je gagne Bamako ou je suis pris en charge par M. et Mme Darbesson de l’usine de Motobécane IMACY et Jacques Guillain de l’établissement PERRISSAC concessionnaire Motobécane à Bamako, j’ai le droit à un appartement le long du fleuve. Je rencontre le président de la république Moussa Traoré lors de l’exposition national ou ma Mobylette est exposée. Ma sœur Claude me rejoint à Bamako pour 15 jours, nous irons à deux sur la Mobylette visité le pays Dogon. Nous aurons la chance de le visiter avec Christine et Claude Lefebvre qui écrirons un très beau livre sur le pays Dogon, nous assisterons à l’enterrement d’un chef, cérémonie qui ce fait très longtemps après son décès et réunis tous les villages alentours. Claude repartira de Bamako avec la caravelle d’Air France et ma canne à pêche.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Ma sœur Claude me rejoint à Bamako pour 15 jours, nous irons à deux sur la Mobylette visité le pays Dogon. Nous aurons la chance de le visiter avec Christine et Claude Lefebvre qui écrirons un très beau livre sur le pays Dogon, nous assisterons à l’enterrement d’un chef, cérémonie qui ce fait très longtemps après son décès et réunis tous les villages alentours. Claude repartira de Bamako avec la caravelle d’Air France et ma canne à pêche.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette

Je repars par une piste infernale direction Kayes par une piste infernale en faisant un détour par la réserve de Fina ou je ne verrai aucun animal ou j’ai une crise de paludisme qui me laissera KO pour deux jours que je passe au pied d’un arbre. Sur la piste je rencontre 6 énormes babouins male je ne fais pas le poids, je m’arrête à bonne distance d’eux en attendant qu’ils partent, c’est la que je commence à recevoir des pierres, je n’avais pas vue que sur les côté il y avait des femelles avec des petits, j’ai donc préférer démarrer du coup les mâles ce son poussé à mon passage, les villageois mon expliqué qu’ils y avaient souvent des affrontements avec les singes lorsque ceux-ci venaient voler dans les cultures, d’où leurs réaction à ma vue. A Kita je suis reçu par des français professeurs coopérants ils ont un logement rudimentaire, la douche est un sceau percé mais j’apprécie. La piste est toujours aussi infernale, je ne rencontre aucune voiture même 4x4, elle suit la voie ferré qui mène à Dakar, à mi chemin de Kayes je décide de prendre le train direction Dakar, je retrouve Christine et Claude Lefebvre rencontré à Mopti. Nous arrivons à Dakar plus de 24 heures plus tard, c’est la fête nationale. Le voyage s’arrête là je mets la mobylette au port elle partira pour Marseille sur le Massalia, quand à moi je prends l’avion pour la première fois direction Nice ou mes parents m’attendent. Je récupère la Mobylette à Marseille et rentre par la route à Paris. J’ai parcouru 18000 kms en 9 mois de voyage.

1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
1971, Paris Abidjan Dakar en Mobylette
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